Inspirante, flamboyante et très accueillante, Rouen possède un riche patrimoine historique et culturel qui mérite vraiment le détour !

Lors de l’un de mes séjours dans la capitale normande, j’ai gravi les marches du beffroi du Gros Horloge pour admirer la ville vue d’en haut. Je me suis aussi promenée le long des quais de Seine pour aller découvrir le musée maritime, fluvial et portuaire.

Entre ciel et mer, je vous emmène explorer ces deux lieux coups de cœur à Rouen.

Le Gros Horloge et son beffroi

Le Gros Horloge désigne communément l’ensemble architectural qui enjambe la rue piétonne du même nom et formé du pavillon, dans lequel se trouvaient les appartements du gouverneur chargé de veiller au bon fonctionnement de l’horloge (à ce titre, il devait la remonter, graisser le mécanisme, réparer les pièces abîmées…), une horloge à deux cadrans, un beffroi bâti au XIIIè siècle puis reconstruit au XIVè siècle ainsi qu’une fontaine publique adjacente. Avec la cathédrale, c’est certainement un des monuments le plus emblématique de Rouen et il fait partie des visites incontournables.

Le saviez-vous ? Le mot de « beffroi » est d’origine germanique et signifie « belt » : cloche et « freidt » : liberté.

L’histoire du Gros Horloge remonte au milieu du Moyen ́Âge et c’est l’un des plus anciens mécanismes d’horlogerie d’Europe, qui a fonctionné du XIVè siècle à 1928, date à laquelle il a été remplacé par une horloge électrique.

Au Moyen ́Âge, le seigneur possède un donjon en signe de sa puissance et l’Église a son clocher. Au XIIè siècle, le duc de Normandie autorise les habitants de Rouen à créer une « commune » : ils ont le droit d’élire des représentants et un maire parmi les habitants, pour diriger la ville. Bâti au XIIIè siècle, le beffroi symbolise la puissance et l’indépendance de la commune. Avec ce beffroi, le peuple obtient le droit de sonner les cloches, jusqu’alors réservé au clergé. Le beffroi abrite les cloches qui rythment les activités des habitants. Au XIVè siècle, on y ajoute une horloge, dont le mécanisme déclenche la sonnerie des cloches à chaque heure puis plus tard, à chaque demi heure et quart d’heure. A partir du XVIè siècle, deux cadrans indiquent les heures grâce à leur unique aiguille ornée d’un agneau à son extrémité.

Cet animal est le symbole du travail de la laine qui a jadis fait prospérer la ville de Rouen et que l’on retrouve sur son blason. Le mouton est d’ailleurs décliné une quarantaine de fois sur l’édifice ! Si vous observez bien, vous verrez un semainier fait de divinités mythologiques situé sous le chiffre VI du cadran. Chaque jour est associé à une planète, symbolisée par un dieu de la mythologie grecque et à des signes du zodiaque. Telle une horloge astronomique, le Gros Horloge donne aussi les phases de la Lune. Le globe lunaire, visible sur le haut du cadran, possède une face noire qui représente la partie ombragée de la Lune et une face argentée pour sa partie éclairée. A l’image de la Lune qui tourne autour de la Terre en 29 jours, le globe effectue une rotation complète dans le même nombre de jours.

Lorsque vous passerez sous la voûte, levez les yeux, vous découvrirez la scène du Bon Pasteur qui la décore : on y voit le Christ entouré d’un troupeau de moutons dans un paysage arboré. Au-delà de la référence biblique à l’agneau Pascal, qui symbolise le sacrifice du Christ, le thème du Bon Pasteur rappelle l’une des principales activités de Rouen évoquée plus haut : la fabrication et le commerce du drap de laine.

Quant à la fontaine, visible au pied du beffroi, elle représente une scène de la mythologie grecque : l’histoire d’Alphée, dieu d’une rivière, qui poursuit Aréthuse, déesse de la Nature, dont il est amoureux. Transformée en source pour lui échapper, Aréthuse est rattrapée par Alphée qui l’oblige à le rejoindre en mêlant ses eaux aux siennes.

En empruntant l’étroit escalier qui mène jusqu’à la coupole du beffroi, vous êtes plongé dans l’envers du décor et invité à vous arrêter dans différentes salles pour observer d’un peu plus près l’arrière des cadrans, les deux cloches communales ainsi que le spectaculaire mécanisme de l’horloge conçu par Jehan de Felains, l’un des 25 gouverneurs de l’horloge, qui constitue un véritable chef d’œuvre !

Chaque cloche avait une fonction spécifique. La cloche Cache-Ribaud sonnait le couvre-feu pour éloigner les « ribauds » (les gens dévergondés) qui risquaient de troubler le repos des habitants et l’heure civile qui rythmait les activités quotidiennes des artisans et des marchands, en opposition aux offices religieux que sonnaient les cloches des églises.

La Rouvel (ou « cloche d’argent » en raison de son timbre) sonnait le tocsin destiné à alerter la population d’un danger imminent tel qu’un incendie, une invasion ou une catastrophe naturelle. Le roi tenta de la confisquer à la suite de la révolte populaire de la Harelle causée par une nouvelle levée d’impôts pour financer la guerre contre les Anglais, mais la ville s’y opposa. Elle ne sera cependant remontée dans le beffroi qu’en 1449, lorsque prend fin la Guerre de Cent ans. Fêlée, elle a été déposée en 1904 et remplacée par la Normande à laquelle on a ajouté quatre tinterelles qui sonnent les quarts et les demies.

D’abord sonnées manuellement, les cloches sont dès la fin du XIVè siècle commandées par un mécanisme d’horlogerie auquel sont associés les cadrans au XVIè siècle. Remplacé en 1928 par une horloge électrique, le mécanisme est néanmoins potentiellement toujours en état de fonctionner.

Est aussi conservé dans le beffroi, le mouvement de l’église Saint-Vivien réalisé en 1591 par Langlois, un des gouverneurs du Gros-Horloge. La similitude avec le mécanisme de Jehan de Felains est étroite. La différence réside surtout dans la finesse de la structure et des mobiles.

Arrivé en haut des marches du beffroi, une belle récompense vous attend ! Vous pourrez admirer la ville sous un angle nouveau en profitant d’un magnifique panorama à 360° ! Amusez-vous à reconnaître d’autres monuments caractéristiques de Rouen comme sa cathédrale, la tour des archives, le palais de justice et laissez vous aller à contempler ses clochers, ses toits typiques et ses forêts environnantes.

Pour les gourmands, rendez-vous dans la boutique Le Cacaotier, située au 116 rue du Gros Horloge, pour découvrir les créations d’Hubert Masse, artisan chocolatier depuis 1995 et notamment son Gros Horloge en chocolat noir ou au lait !

Informations pratiques : le Gros Horloge, ouvert tous les jours sauf le lundi : D’avril à septembre : de 10h à 13h et de 14h à 19h/ De octobre à mars : de 14h à 18h/ Dernière entrée 1h avant fermeture. Tarif adulte : 7,50€

Le musée maritime, fluvial et portuaire

Rythmée par le passage des péniches et des porte-conteneurs et bordée de chemins de halage verdoyants, la Seine fait partie intégrante du paysage rouennais.

C’est en empruntant les quais, côté rive droite, que vous arriverez jusqu’au musée associatif maritime, fluvial et portuaire de Rouen. Installé dans un ancien hangar qui était affecté au stockage du vin en provenance d’Afrique du Nord, le musée retrace l’histoire du port de Rouen, composante essentielle de l’activité économique de la ville et aborde de manière très pédagogique, avec de nombreuses images, vidéos explicatives et maquettes, la navigation fluviale en général.

Le parcours est l’occasion de découvrir la batellerie (industrie du transport de marchandises par bateaux sur les fleuves, rivières, canaux) mais aussi, la construction et la réparation navale des bateaux en acier ou les différents métiers portuaires, comme le pilotage maritime (assistance donnée au capitaine d’un navire pour le guider dans les manoeuvres à effectuer lors des passages difficiles, comme à l’entrée et à la sortie d’un port, d’un canal… Le pilotage est un service public placé sous la tutelle du Ministre des transports).

Le saviez-vous ? Catherine Cornu fait figure de pionnière dans la féminisation des métiers de la mer qui restent encore très masculins en devenant en 2000 la première femme pilote maritime en France ! Jusqu’en 2014, elle est restée la seule femme jusqu’à l’arrivée d’une seconde pilote qui travaille en Martinique. Elle est l’actuelle Présidente du Propeller Club de Rouen (antenne locale d’un réseau fondé à New York en 1927 qui a pour ambition de défendre et promouvoir la marine marchande et les activités/professions en rapport avec les transports maritimes et fluviaux) et vice-présidente de l’Union Portuaire Rouennaise (UPR) en charge des questions environnementales et de RSE (Responsabilité Sociale d’Entreprise). De 2016 à 2019, elle a également été Présidente du pilotage de la Seine « Rouen – Caen – Dieppe », la plus importante station de l’Hexagone avec plus de 50 pilotes.

Lors de la visite, vous pourrez également admirer une réplique de 7 mètres de long de La Dauphine, célèbre navire royal à bord duquel Jehan de Verrazane et son équipage normand ont découvert la baie de New-York en 1524, une maquette du Pourquoi pas ?, le trois mâts d’exploration polaire du commandant Charcot qui passa sous le pont Transbordeur lors de sa venue à Rouen en 1910, le squelette d’une baleine échouée sur les côtes normandes en 1927 et des reproductions de bateaux utilisés lors des guinguettes, ces soirées populaires du XIXème siècle.

Le saviez-vous ? Parmi l’équipage de La Dauphine, le cambusier embarquait les vivres (des poules en cage, de la viande séchée, des légumes secs…) pour nourrir l’équipage pendant la traversée. Le gabier montait sur les mâts et s’occupait des voiles. Le timonier était en charge de la barre, de la veille et des signaux du navire.

J’ai beaucoup aimé la partie dédiée aux divers nœuds marins, l’occasion de s’initier à l’art du matelotage et la zone exposant le cycle des marées qui rythment la vie sur le fleuve et les mesures nécessaires à réaliser pour indiquer aux navires la hauteur d’eau disponible afin de naviguer correctement. Et ce n’est là qu’une partie des découvertes que vous ferez lors de votre visite !

Le saviez-vous ? La touline (ou lance-amarre) est un cordage fin que l’on lance à terre ou à bord d’un autre navire. Elle aide le lamaneur (personne en charge des opérations d’amarrage et de démarrage des navires en escale dans un port) au transfert de l’aussière (corde qui sert à amarrer le bâteau) du navire au quai. Pour faciliter le lancé, l’extrémité est lestée par un noeud en forme de boule appelé « pomme de touline ». Le mot touline viendrait d’une déformation du mot anglais towline (littéralement, « ligne de remorquage »).

Pour terminer cette riche et passionnante visite, vous pourrez même monter sur la péniche de l’association : « Pompon Rouge » (la cale, la timonerie, le logement) qui sert aujourd’hui de salle de réception pour différents événements comme des anniversaires.

Informations pratiques :

Musée maritime, fluvial et portuaire de Rouen, Quai Emile Duchemin, Hangar 13. Tarif plein : 5€. Horaires : mardi au jeudi de 13h30 à 16h30, vendredi au dimanche de 14h à 17h fermé le lundi

Bonnes visites !

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