Jo Little est un artiste français autodidacte basé à Paris. Ancien infirmier au service pédiatrique de l’hôpital Necker, il a donné vie à Jo, son personnage éponyme, pour créer du lien avec les enfants malades et leur donner le sourire. Ce personnage, à l’optimisme communicatif et porteur d’espoir, se distingue par sa chevelure blonde flamboyante, sa marinière bleue et son regard unique, aussi profond que touchant, comme s’il cherchait à établir une connexion avec les autres.

Puisant son inspiration dans l’imaginaire de l’enfance, Jo Little a su, au fil de ses rencontres, multiplier les collaborations artistiques et les projets de mécénat pour partager son art avec le plus grand nombre et diffuser ses valeurs positives.

J’ai eu le plaisir d’échanger avec lui pour qu’il m’en dise plus sur son parcours et son univers.

Jo Little, un messager de tolérance et d’amour  

Imaginé comme un ange gardien, l’artiste a commencé à dessiner Jo pour et avec les enfants malades dont il s’occupait mais sa portée va bien au-delà de ce contexte spécifique. En effet, comme l’explique l’artiste : « Jo Little est né de ma rencontre avec les enfants malades, de mon expérience à leurs côtés et de cette part d’enfance que je porte toujours en moi. Grâce au dessin, j’ai pu tisser un lien avec les enfants, en leur offrant un moyen ludique d’exprimer ce qu’ils ressentaient. Jo était le médium de leurs émotions, donnant forme à des émotions qu’ils avaient du mal à exprimer avec des mots ou révélant celles qui les touchaient sans qu’ils en comprennent toujours la raison. Il était aussi une sorte de pansement, une présence réconfortante, pour les aider à surmonter leurs émotions pendant leur hospitalisation. Au-delà de ce contexte, Jo Little parle bien sûr à tout le monde ! »

Depuis sa création, le personnage de Jo Little n’a cessé d’évoluer au fil du temps mais ne voyez pas en lui la figure moderne du Petit Prince de Saint-Exupéry : « Jo a été plus ou moins bien coiffé. Fût un temps, il a eu un nez et une bouche. Je pensais même qu’avec la naissance de mon fils Balthazar, il allait disparaître. Au final, il est toujours là. Lors de l’arrivée de Balthazar, j’ai eu envie d’ajouter une lueur d’espoir dans son regard, représentée par les deux points blancs dessinés sur le haut des traits noirs qui forment ses yeux. Par contre, même si on fait souvent la comparaison avec Le Petit Prince, je ne dirais pas que Jo en est la figure moderne. Bien que je trouve le dessin du Petit Prince très joli, il représente pour moi quelque-chose de trop naïf qui n’a pas de rapport avec Jo. » Jo Little

Il est toutefois une constante : Jo est souvent représenté seul sur les dessins, une solitude qui fait écho à une part plus intime du personnage et qui est également le reflet des difficultés de la vie : « Jo Little est un rescapé. Malgré toutes les épreuves de la vie, il est essentiel que cette part d’enfance soit préservée. C’est pour cela qu’il faut chérir chaque enfant et la part d’enfance en chacun de nous. Prendre soin d’un enfant dès son plus jeune âge, c’est lui donner une force incroyable pour se construire et avancer dans la vie ! » Jo Little.

Cette notion de protection et de soin se manifeste aussi à travers l’un des éléments les plus caractéristiques de Jo Little : sa marinière bleue, qui l’habille dans de nombreux dessins : « Cette marinière bleue est à la fois un clin d’œil au styliste et grand couturier français Jean-Paul Gautier, lui-même un grand enfant qui a su s’amuser avec ses créations et son univers rempli de joie de vivre et, plus largement, à la mode parisienne. Cette marinière évoque aussi une cage thoracique qui sert de contenant. C’est comme si elle venait retenir les émotions un peu trop puissantes parfois, comme si elle habillait les émotions sur un corps un peu fragile. » Jo Little

Derrière cette apparence vestimentaire simple, se cache une dimension plus profonde à travers les yeux de Jo. Leur forme en « prise de courant » donne l’impression qu’il veut « se brancher » au monde pour créer un lien. Son physique singulier, quant à lui, incarne sa différence avec les autres : « Il y a une symbolique forte dans le regard de Jo et dans ce qu’il est aussi. Ses yeux sont un peu comme une prise connectique. Par le regard, il essaye de se connecter à l’Autre. Il est aussi « différent » des autres, avec sa grosse tête, son corps un peu frêle. C’est le fait d’être différent de l’Autre qui fait sa force. Je dis d’ailleurs tous les jours à mon fils de rester lui -même, de se démarquer des autres, même si c’est compliqué, même si à un certain âge on a besoin de ressembler aux autres. Rien de plus triste qu’une société où tout le monde se ressemble ! » Jo Little. Voilà un appel à l’individualité bienvenu dans un monde où la pression de la conformité est très forte.

Le saviez-vous ? Le blaze de Jo Little est un diminutif du prénom de l’artiste et un clin d’œil à sa taille aussi bien qu’à un surnom que lui donnait l’une de ses amies dans son adolescence : « Petit Jo ». Derrière le choix de ce nom se cache une sensibilité profonde, une volonté de s’exprimer avec délicatesse, simplicité et élégance.

Ce nom, empreint de sens et de tendresse, reflète parfaitement l’âme de l’artiste. Une âme sensible guidée par une créativité insatiable, qui s’impose à lui jour après jour, malgré un quotidien bien rempli : « Je me garde des bulles de création dans mon quotidien, souvent la nuit, quand je suis seul. J’ai ce besoin viscéral de créer. Dans ces moments-là, je ressens un sentiment d’urgence à créer pour faire jaillir une émotion très personnelle que je porte au plus profond de moi et l’exprimer à travers mes dessins. Je m’abandonne alors totalement à la création pour ensuite transmettre et partager car ce qui m’anime c’est l’Autre. Je suis quelqu’un d’assez solitaire et assez timide mais j’ai besoin de me sentir en relation avec l’Autre, d’avoir un lien, même bref, avec les gens, que ce soit via les réseaux sociaux, un regard ou les rencontres. Si Jo Little donne le sourire aux gens. Moi, c’est l’Autre qui me donne le sourire. » Jo Little

C’est précisément cette quête de l’Autre et des valeurs humanistes qui animent Jo Little : « Jo est porteur d’un message de tolérance, d’espoir, d’amour de l’Autre, il rappelle ce besoin de prendre soin de l’Autre, et plein d’autres choses très positives. Il nous invite également à cultiver l’enfant qui est en chacun de nous. D’ailleurs, s’il devait adressait un message à cet enfant, il lui dirait tout simplement 3 mots : Crois en toi ! » Jo Little

Ces mots, simples mais profonds, résument parfaitement l’essence de Jo Little : un personnage bienveillant qui nous rappelle l’importance de croire en soi et en notre potentiel, malgré les défis de la vie.

Un parcours artistique jalonné de rencontres inspirantes

C’est en 2017 que Jo Little commence à dessiner son personnage sur les murs de Paris, au départ à la craie. Sa démarche prend un tournant décisif lorsqu’il rencontre le créateur Jean-Charles de Castelbajac : « C’est un artiste que je suivais depuis longtemps sur Instagram. J’étais très touché, ému, voire surpris, par les anges qu’il dessinait à la craie dans les rues de Paris, par sa façon d’habiller les émotions et de porter à chacun une attention. A l’époque il habitait près de l’hôpital Necker et, un soir en arrivant au travail, j’ai eu la chance de le rencontrer alors qu’il promenait son chien. On a échangé en se promettant de se revoir. Pour moi, il est une sorte d’ange gardien, il a cette facilité à transmettre, à toujours vouloir encourager les jeunes créateurs, les âmes artistiques à aller plus loin. C’est lui qui m’a poussé à aller dessiner encore plus dans la rue pour donner le sourire aux gens, les surprendre et qu’il fallait que je partage mes dessins avec le plus grand nombre. En cela, cette rencontre a été déterminante pour la suite de mon cheminement. » Jo Little

Depuis, Jo Little n’a cessé d’enrichir son parcours artistique à travers de nombreuses collaborations. Son travail a pris des formes variées, en particulier au travers d’opérations de mécénat (Secours Populaire, Hôpital Necker…) et de partenariats avec des street-artistes (Toc Toc, Ardif, Lego to the Party, Ami imaginaire…), ou avec des marques (Monoprix, Joséphine Vannier, Dyptique, Label….). Ces collaborations l’ont amené à travailler sur différents supports créatifs : chaussettes, baskets, chocolat, tee-shirts, planches de skate, bougies, cartes à jouer….

« Toutes mes collaborations artistiques sont d’abord des rencontres. Pour accepter une collaboration, j’ai besoin qu’on me laisse de la liberté dans ma création et que je sois en phase avec la marque. L’idée est de mêler des univers avec harmonie et donner du sens. C’est la même chose quand je collabore avec un autre artiste. J’ai souvenir d’un magnifique Jo réalisé avec le street artiste Ardif dessiné pour le lavomatic où Jo levait sa marinière et dévoilait un cœur mécanique. Ma plus belle collaboration reste celle avec les Galeries Necker : j’ai invité 140 artistes bénévoles pour donner de la couleur aux sous-sols de l’hôpital, un lieu par lequel les enfants transitaient pour aller au bloc opératoire. Chaque artiste avait à sa disposition un mur de 7 mètres pour le décorer comme il le souhaitait. C’est une œuvre collective destinée à être pérenne et qu’on a pu découvrir lors des Journées du Patrimoine en septembre dernier. » Jo Little

Parmi toutes ces collaborations, de mon point de vue (de gourmande 😉 ), j’ai trouvé celle avec Joséphine Vannier particulièrement réussie ! Aussi bien dans sa conception que dans sa réalisation. Elle associait chocolat et émotions : « Lorsque j’ai accepté cette collaboration, j’ai voulu transporter les gens au-delà d’une simple boîte de chocolats décorée avec Jo Little. L’idée était de reprendre les ronds de couleurs que l’on retrouve dans l’univers de Jo et qui représentent différentes émotions. On a créé des palets de chocolat avec des couleurs et des parfums différents auxquels on a associé des émotions : jaune pour la joie (citron), orange pour la sérénité (orange/sésame), bleu pour la mélancolie (fleur de sel/poivre), rouge pour l’amour (piment/rose/gingembre), violet pour la folie (framboise) et vert pour le doute (menthe, matcha). Je crois que mon préféré est le bleu, c’est un parfum très doux en bouche, propice à la rêverie. » Jo Little

Le prochain projet de Jo Little s’annonce très ambitieux : une fresque géante, bien plus grande que celle de Necker, en banlieue parisienne, qui sera visible dès cet été.

Vous en savez désormais plus sur Jo Little, un artiste aussi talentueux qu’humaniste. Pour ne rien manquer de son actualité, suivez-le sur Instagram, où il partage régulièrement son univers !

Domo Arigato Jo Little  pour la qualité de notre échange et le temps accordé ainsi que pour la mise à disposition des photos pour illustrer l’article © Jo Little.

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