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À Rouen, qui dit vacances d’automne dit foire Saint Romain ! Cet événement attire chaque année plus de 1,5 millions de personnes. Pour cette nouvelle édition, du 22 octobre au 20 novembre, rendez-vous à l’esplanade Saint Gervais pour un moment festif et gourmand, en famille ou entre amis.

Pour en savoir plus sur la plus ancienne et la deuxième plus grande fête foraine de France, après celle de la foire du Trône à Paris, j’ai interrogé Célestine, guide touristique et conférencière à l’Office du Tourisme de Rouen.

De la légende à l’Histoire, place du Boulingrin

La légende raconte qu’au VIIe siècle une gargouille, sorte de dragon, terrorisait les habitants de Rouen. Mais quel est le rapport avec la foire Saint Romain ? Célestine nous raconte en détail ses origines : Pour comprendre les origines de la foire, il faut remonter à l’histoire de Saint Romain, évêque de Rouen au VIIème siècle. Comme beaucoup de personnages de l’époque, on ne connaît que partiellement sa vie, et surtout à travers des légendes. La plus connue est celle de la gargouille. On raconte qu’à l’époque, un monstre (un serpent ou un dragon) terrorisait les habitants de Rouen depuis la rive gauche ou la Seine. Saint Romain décide d’aller le combattre pour libérer la ville [à la condition que les habitants se convertissent au christianisme] et il cherche des personnes pour l’aider. Personne n’accepte, mis à un part un homme condamné à mort, qui n’a donc plus rien à perdre. Ils arrivent devant la bête, Saint Romain réussit à la faire coucher à ses pieds avec un signe de croix, tandis que le prisonnier passe l’étole de l’évêque autour du cou de la gargouille. Ils la ramènent dans la ville, et selon des versions, elle est brûlée, décapitée … Dans tous les cas, la gargouille fut vaincue et la ville libérée de ce fléau ! Cette légende a conduit à des célébrations tous les ans en l’honneur de Saint Romain, devenu plus tard saint patron de la ville de Rouen. Voilà l’origine de la foire Saint Romain.

L’évènement n’a toutefois pas toujours porté le nom de foire Saint Romain. Jusqu’à la fin du XIXè siècle, on l’appelait la foire du Pardon. Célestine nous explique pourquoi : On l’appelait ainsi car dans la légende, après la mort de la gargouille, le condamné à mort qui a aidé Saint Romain n’a pas été exécuté, il a été libéré pour le remercier de son aide. Ce détail de la légende justifiait d’un privilège unique en France, dit de Saint Romain, accordé aux archevêques du chapitre de Rouen, jusqu’à la Révolution, qui leur permettaient de gracier un condamné à mort tous les ans, le jour de l’Ascension. A l’époque, il y avait toute une cérémonie et un cérémonial, qui partait de la Cathédrale, faisait une boucle en passant par l’église Saint Maclou, et descendait vers la place de la Halle aux toiles vers la Fierté Saint Romain. C’est sur ce monument encore visible (qui a échappé aux bombardements) que le condamné montait en portant la chasse qui contenait les reliques de Saint Romain et qui permettait d’accomplir le privilège. Au fil des ans, cet évènement est devenu un rendez-vous de festivités dans la ville pour se réunir et célébrer Saint Romain. C’est à la fin du XIXè siècle, qu’il prend le nom de foire Saint Romain.

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Je me suis aussi laissée dire que la foire se tenait place du Boulingrin jusqu’en 1983, année où elle déménagea sur les quais rive gauche. J’ai demandé à Célestine en quoi cette place est-elle attachée à la foire Saint Romain et qu’y trouvait-on à l’époque ? La place du Boulingrin était une place centrale pour la foire, notamment au XIXè siècle, quand le cirque de Rouen a été crée. La place était idéale pour que les forains installent leurs tentes et leurs cirques. Ils étaient tellement nombreux que les festivités s’étendaient tout le long des boulevards entre la place Cauchoire et la place Saint Hilaire.

Le saviez-vous ? C’est aussi place du Boulingrin que se dresse le seul monument de France dédié aux forains morts pour la France pendant la Première et Deuxième guerre mondiale. L’ouvrage inauguré en novembre 1931 s’inspire des formes antiques avec un hémicycle comprenant quatre colonnes. Sur le fronton, on peut voir l’inscription suivante : Aux forains morts glorieusement 1914 Pour la Patrie 1918. Et sur une plaque posée au pied de la statue, on peut lire : À nos morts de la guerre 1939-1945 soldats, requis, déportés, victimes de l’extermination et du nazisme.

Et que trouvait-on à l’époque si on allait se balader à la foire ? Au-delà des premiers manèges, Célestine me rappelle qu’on y trouvait surtout beaucoup de circassiens et d’artistes qui se produisaient dans la rue et aussi dans le cirque en dur (versus les cirques itinérants), dans des spectacles qui se jouaient à guichets fermés notamment ceux des cirques Piège et Rancy. Dans ce cirque, il y avait même des séances de cinéma proposées au public, des pièces de théâtre et des concerts, comme par exemple celui de Duke Ellington qui s’est produit à Rouen. C’était vraiment un rendez-vous incontournable pour les rouennais et les forains. La foire était, et est toujours, une des plus grandes foires de France !

On peut aussi se demander que reste-t’il aujourd’hui des coutumes/traditions de la foire telle qu’elle existait au Moyen Âge ? Pour Célestine, aujourd’hui, on est très loin de la foire médiévale ! Au Moyen Âge, comme elle se déroulait fin octobre avant l’hiver, c’était l’occasion d’aller acheter des vêtements, des denrées pour tenir durant la saison froide. De nos jours, tout ça a laissé place aux manèges, confiseries et restaurants, et on ne célèbre plus le privilège de Saint Romain. Je dirais que la seule chose qu’on ait gardé est ce rendez vous de festivités, qui évolue avec son temps.

La deuxième plus grande fête foraine de France

La foire Saint Romain de Rouen est l’une des plus grande fêtes foraines de France, après la foire du Trône à Paris. Elle et regroupe environ 220 attractions, des manèges à sensations fortes (train fantôme, montagnes russes….) et d’autres classiques (grande roue, tirs à la carabine, auto tamponneuses, pêche aux canards…) pour le plaisir des petits et des grands.

Célestine m’a d’ailleurs confié que son attraction préférée est depuis toujours, le train fantôme : J’adore me faire peur et je retombe en enfance à chaque fois que je vais dedans. Je suis très friande aussi des barbes à papa.

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Côté gastronomie, le plat traditionnel de l’événement est le cochon de lait. Les gourmands se régaleront avec les croustillons : pâtisserie frite et recouverte de sucre glace originaire d’Hollande, mais à la différence du chichi ou churro, originaire d’Espagne qui a une forme allongée, le croustillon est un beignet rond et plat et sa pâte est plus légère car elle contient de la levure. Vous retrouverez aussi les classiques pommes d’amour, barbes à papa, bonbons, churros…

Pour compléter la lecture de cet article, je vous invite à regarder ces deux vidéos :

Je vous invite également à (re)découvrir la belle ville de Rouen en lisant cet article : Découvrez Rouen avec la guide Célestine !

Have fun!

Image de Une : (c) Stéphane l’Hôte.

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