DUNE, non pas en l’an 10191 mais en septembre 2021, sous la direction de Denis Villeneuve, réalisateur Québécois que j’ai découvert avec son film « Premier Contact », une œuvre mêlant le passé, le présent et l’avenir, le langage aussi, des thèmes que l’on retrouve dans sa vision cinématographique de DUNE, basée sur l’univers de fiction de l’écrivain Frank Herbert.

Pour les profanes et non connaisseurs de l’œuvre littéraire, il s’agit d’une fresque intergalactique teintée profondément de philosophie, de théologie, de sociologie, où se mélangent le pouvoir, le sexe et la guerre.

Quelle mission périlleuse pour Villeneuve de remettre au goût du jour le film de David Lynch de 1984, une œuvre souvent décriée par la fan base et par le réalisateur lui-même. Ce DUNE qui a difficilement vieilli est loin d’être parfait mais il avait le mérite d’initier un minimum le grand public à un univers complexe, narrant le combat de l’humanité pour sa survie, dans une évolution fragilisée par l’écologie et les machines pensantes.

Comment vous parler de DUNE 1ère partie sans vous divulgacher l’intrigue ? C’est en fin de compte très facile car je vais vous parler de voyage. Tout d’abord un voyage spatial et géographique. Grâce à de nombreux décors naturels, des mers jusqu’au désert en passant par le vide du cosmos, Villeneuve nous emmène dans des mondes tous différents et réalistes. Le spectateur devient alors un pèlerin dans une aventure épique, c’est vraiment valorisant de se sentir transporté physiquement au-delà de notre zone de confort quotidienne sans même bouger d’un fauteuil confortable.

DUNE 1ere partie c’est aussi un voyage visuel et coloré, du bleu, du noir, du rouge, du jaune… chaque partie du film a sa couleur propre qui s’imprime dans votre rétine, une gamme chromatique volontairement accentuée pour marquer les temps forts des actions du film. Vous pouvez retrouver l’utilisation des teintes dans la réalisation de Jean-Pierre Jeunet et Albert Dupontel ou des films comme « Memento », « Drive », « Harry Potter », « Alien » ou « Matrix ». Villeneuve renforce son histoire et marque les moments clés et frappants par des feux de signalisation subliminaux. Les couleurs, parfois sombres mais souvent intenses, influencent le spectateur, elles sont un personnage à part entière, ajoutant à l’atmosphère émotionnelle qui nous transporte pendant les 2h36 du film.

2h36 un format assez long, moins à la mode pour les blockbusters modernes, mais complètement adapté à l’histoire d’Herbert. Cet autre voyage que vous propose DUNE, c’est la temporalité, pas seulement le fait d’être à plus de 8000 ans de notre ère car les effets spéciaux futuristes sont au service du film, restant discrets, sans avoir besoin de 3D ou de 4DFX pour apprécier pleinement le visionnage. Vous pouvez penser que cet univers est lointain mais il est très proche de nous dans les interrogations contemporaines de notre condition humaine. Le temps est une de clés de la réalisation de Villeneuve, vous n’êtes pas dans un Avengers avec un plan tous les 4 secondes, vous n’allez pas exploser votre vision dans une débauche d’images stroboscopiques. Les scènes sont souvent posées, les plans rapprochés presque intimistes, au rythme d’un sablier le scénario coule lentement, sans vous brusquer, limite à vous endormir comme le ferait un hypnotiseur pour vous amener vers des strates inconnues de votre subconscient.

Cette latence contrôlée m’amène au dernier voyage que vous propose DUNE 1ère partie, celui de la spiritualité. Je ne vous parle pas de religion même si ce thème est repris dans l’œuvre littéraire et cinématographique, je vous parle d’un éveil conscient et inconscient, indépendant de la matière et du palpable. Vous allez certainement vivre un sentiment d’introspection pendant votre séance, vous serez spectateur devant un écran mais également le témoin de vos sensations intérieures, dans une palette d’émotions enrichies par cette histoire initiatique. Vous suivrez Paul, de Caladan jusqu’à Arrakis, vous serez perdu dans les méandres sablonneux de ses interrogations métaphysiques et peut-être vivrez-vous comme lui un rêve éveillé jusqu’au Shai-Hulud, ver des sables sinueux et mystérieux.

N’ayez pas peur d’aller voir DUNE 1ere partie, le voyage en vaut le brilleur, et le rêve y est accessible.

Fiche d’identité du film

Dune 1ère partie

Sortie : 15 septembre 2021

Genres : Science fiction, Drame

Durée du film : 2h36

Réalisateur : Denis Villeneuve

Avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac

Bon voyage !

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