Jusqu’au 24 janvier, le musée Jacquemart-André rend hommage à Alessandro Filipepi, plus connu sous le nom de Sandro Botticelli, l’un des peintres les plus illustres de la Renaissance italienne. Il est particulièrement connu pour ses scènes religieuses et mythologiques envoutantes et ses portraits remplis de grâce, d’élégance et de délicatesse. A travers une quarantaine d’œuvres, on redécouvre son génie créatif et l’histoire du Quattrocento, le XVème siècle italien.

Ce siècle est celui de la Première Renaissance, mouvement qui amorce le début de la Renaissance en Europe. Alors qu’au Moyen Âge la création artistique était essentiellement tournée vers la religion chrétienne, la Renaissance artistique utilise des thèmes humanistes (tolérance, liberté de pensée, paix, éducation visant l’épanouissement de l’individu, etc.) et ceux de la mythologie antique. La Naissance de Vénus est un exemple de cette association entre le mythe antique et la philosophie des humanistes florentins.

Le parcours chronologique de l’exposition montre avec pédagogie l’évolution artistique du style Botticelli, de ses débuts dans l’atelier de son maître Filippo Lippi, jusqu’à sa consécration et son influence sur ses contemporains. C’est à travers la thématique de la Vierge à l’Enfant que Botticelli crée ses premières oeuvres. Élève prodige, le jeune artiste acquiert rapidement une grande maîtrise des volumes et des couleurs.

Une part importante de la production de tableaux de Botticelli représente de belles femmes nues et des portraits de figures féminines, dont celui de la Belle Simonetta, devenue l’emblème de la beauté dans les cours italiennes de l’époque avec ses longs cheveux blonds vénitiens, sa peau d’albâtre et sa silhouette gracieuse.

Le parcours s’intéresse également à l’activité de son atelier à Florence, un lieu en constante ébullition. Il fut à la fois un laboratoire foisonnant d’idées pour de nouvelles créations et un lieu de formation et de transmission du savoir où de nombreux artistes italiens sont venus se former, assistant le maître.

Le saviez-vous ? Botticelli a produit plusieurs grands retables d’église. Ce type d’oeuvre a joué un rôle fondamental dans l’économie de son atelier. Placé dans l’espace public, au-dessus de l’autel d’une église ou d’une chapelle, le retable fait partie des commandes les plus prestigieuses qu’un artiste puisse recevoir. Par sa visibilité, il assure la diffusion du style et des inventions du peintre, tout en constituant une démonstration parfaite de son talent, susceptible de susciter l’engouement de nouveaux clients.

Le Couronnement de la Vierge avec saint Juste de Volterra, le bienheureux Jacopo Guidi de Certaldo, saint Romuald, saint Clément et un moine camaldule (vers 1462), destiné à l’église de Volterra, réalisé par Botticelli et son atelier dans les années 1490, lorsque le peintre atteint la pleine maturité de son art, en est un exemple emblématique.

Une autre spécialité de l’atelier de Botticelli est la production de tondi, un format circulaire particulièrement prisé à Florence. Botticelli excelle dans la maîtrise de ce format complexe, innovant dans le choix des compositions et les jeux de perspective. Ces panneaux ronds se prêtent particulièrement aux sujets religieux destinés à la sphère privée.

Botticelli témoigne également, aux côtés de Michel-Ange et de Leonardo De Vinci, du rayonnement et des changements profonds qui ont transformé Florence sous la dynastie des Médicis. Cette riche famille de banquiers a beaucoup soutenu l’émulation artistique au coeur de la cité par de nombreuses commandes. Ci-dessous un exemple avec le portrait de Julien de Medicis.

Pour répondre à toutes les commandes qui se multiplient, Botticelli s’est employé à rationaliser sa production. Le recours aux livres de modèles et aux cartons (dessins préparatoires à échelle réelle) lui permet de déléguer à ses assistants l’exécution des tableaux tout en se réservant la conception seule.

C’est ce que montrent les variantes de la Vierge et Saint Jean-Baptiste adorant l’Enfant ou encore la réplique en format réduit de la Vierge du Magnificat. C’est pourquoi l’on peut qualifier Botticelli de designer de l’artisanat, puisque c’est l’invention, toujours renouvelée, qui est au coeur de son parcours !

Informations pratiques :

« Botticelli, artiste et designer », jusqu’au 24 janvier 2022

Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann – 75008 Paris.

Horaires : ouvert tous les jours de 10h à 18h – nocturne les lundis jusqu’à 20h30

Tarifs : 17€ (adultes) le ticket vous permet aussi de visiter la collection permanente du musée

Bonne visite !

Princess Zaza