Pour ce 7ème numéro de « Femmes et Medias », je suis ravie d’accueillir Eva Roque, une journaliste radiotélévision, spécialiste culture et médias, qui a toujours le sourire ! 🙂

Originaire de Nice, Eva a débuté sa carrière de journaliste en 1996 à Nice matin. Son aventure radiophonique commence sur TSF Jazz où elle proposait des portraits d’artistes. Après 10 ans en presse quotidienne régionale, elle quitte le Sud pour monter à Paris et prend le poste de Cheffe des informations à Télé 7 jours.

Elle y reste là aussi 10 ans tout en travaillant ponctuellement pour Europe 1. Puis, son envie de radio se concrétise et elle rejoint Europe 1 à 100% où elle a notamment co-animé la pré-matinale aux côtés de Matthieu Noël, avec lequel elle entretient une grande complicité. J’aimais beaucoup cette émission drôle et tonique où la bonne humeur d’Eva et l’humour et la répartie de Matthieu nous mettait tout de suite en joie. Eva en était aussi la rédactrice en chef, en duo avec Anne Le Gall. Ensemble, elles assuraient la coordination de l’émission (hors journaux d’information et pastilles humoristiques) : elles supervisaient les chroniqueurs et calaient les invités. Vous pouviez aussi retrouver Eva dans l’émission « Culture Médias » de Philippe Vandel où elle tenait une chronique dans laquelle elle recommandait des programmes télé à regarder le soir. Enfin, elle a lancé le podcast «Serieland », un décryptage de l’actualité et des coulisses des meilleures séries du moment.

En août 2021, après environ 10 ans, Eva quitte Europe 1 pour intégrer les équipes de France Inter.

Depuis 2016, elle est également chroniqueuse télé dans l’émission « C l’hebdo», présentée par Ali Badou et diffusée le samedi sur France 5.

Eva a déjà un joli parcours de journaliste. Pourtant, elle me confie qu’au départ, elle ne se destinait pas forcément à ce métier : « Je pense que le métier s’est imposé à moi comme une sorte d’évidence. Je n’ai pas fait d’étude dans une école de journalisme, je n’imaginais pas pouvoir faire carrière dans ce métier. Et pourtant, selon mes proches, petite je disais que je voulais devenir journaliste. Je n’en ai aucun souvenir ! »

Cela dit, pour ceux qui souhaitent devenir journaliste, le bon conseil d’Eva pourra vous être utile : « Soyez curieux ! Ayez une capacité à vous émerveiller, à vous enthousiasmer, sans jamais vous départir de votre esprit critique. »

Passionnée par son métier, quand je lui demande ce qui lui plaît le plus, elle me répond sans hésitation : « Aiguiser ma curiosité, multiplier les rencontres, bouger et écrire. Tout ce que j’aime dans la vie réuni en une seule et même fonction ! Vous imaginez la chance que j’ai ? »

Plus difficile par contre de trouver l’expérience qui l’a le plus marquée : « Je suis incapable de répondre à cette question. J’ai l’impression que tous les jours, l’expérience est nouvelle et qu’elle me permet de grandir. Des rencontres m’ont marquée avec des anonymes ou des personnalités connues. Des gens qui m’ont bouleversée, m’ont permis de regarder le monde autrement. Et je ne me lasse pas de ces moments. »

En tant que journaliste, elle se doit d’avoir un regard éclairé sur la société. J’ai donc voulu savoir quel est pour elle, le fait d’actualité le plus emblématique de l’année écoulée ? Assez logiquement, elle est revenue sur la pandémie de Covid 19 : « Difficile de ne pas parler de la crise sanitaire, notamment pour une raison. Tous nos sens ont été bouleversés pendant cette période. Nous avons perdu le goût et l’odorat, et nous avons donc pris conscience de l’importance de ces deux sens. Nous avons écouté notre environnement – urbain notamment – de façon différente. De nouveaux sons se sont incrustés dans nos oreilles. Nous avons regardé le monde autrement. Je suis marquée à jamais par Paris vide de ses habitants. Nous ne nous sommes plus touchés… Alors même que nous avions envie d’étreindre nos proches. Si je ne crois pas au discours « le monde d’avant versus le monde d’après », je pense toutefois que nous venons de vivre une métamorphose essentielle. Au sens étymologique du terme… Tout est une question de sens… »

Pour revenir à son actualité, j’étais curieuse de savoir comment s’est passée son arrivée chez France Inter : « A mon grand étonnement, Yann Chouquet, le directeur des programmes m’a proposé d’animer au mois d’août la tranche 9h-10h. Un défi pour moi ! D’abord parce que je n’ai jamais travaillé pour France Inter, parce que cette tranche horaire est très écoutée. Et surtout je me retrouve à animer une émission loin de mon univers de prédilection, en l’occurrence les médias. Yann Chouquet et Laurence Bloch m’ont accordé leur confiance et je les en remercie tous les matins en me levant ! Dans ma tête évidemment ! Je ne leur envoie pas un sms à 5h du matin ! »

Mais alors, c’est quoi « l’esprit France Inter » ? : « Question compliquée… Pardon pour la formule très usitée mais cela ressemble à « être sérieux sans se prendre au sérieux ». Il y a une exigence sur le fond, sur la forme aussi évidemment, tout en gardant de la place pour l’humour, pour l’humeur surtout… Chaque animateur a le loisir d’imprimer son style sur son rendez-vous. Les personnalités de chacun et chacune doivent ressortir… »

Durant l’été, Eva anime l’émission « L’été comme jamais », du lundi au vendredi à 9h, un magazine de société au parfum estival. Pendant 1h, entourée d’invités, on parle d’amour, d’enfance, d’amitié, de famille, de travail, de nos doutes et de nos envies. L’émission existait déjà et Eva en a repris les commandes avec beaucoup d’aisance : « L’émission est née l’an dernier. Dorothée Barba l’a présentée pendant tout l’été et elle était aux commandes au mois de juillet. C’est elle qui a défini les contours de l’émission. Je me suis glissée dans ses chaussons. Des chaussons très agréables d’autant que le relais avec Dorothée a été un moment de bienveillance rare. »

Comme moi, vous vous demandez peut-être comment les sujets sont choisis ? C’est en fait un vrai travail mené en collectif : « Avec l’équipe – 4 super femmes que sont Margot Page, Anna Massardier, Marie Aubert et Juliette Médevielle – on tente d’humer les sujets qui nous touchent, nous émeuvent, nous apportent un peu de poésie, nous permettent de regarder le monde autrement. Parfois il suffit d’un mot prononcé par l’une d’entre nous qui déclenche une conversation, et qui donne naissance à une thématique. Parfois, nous pensons à une personnalité dont l’expertise nous inspire et nous construisons l’émission autour de la thématique portée par la personnalité en question…Chaque instant de notre quotidien peut devenir un sujet d’émission. »

Au-delà des sources d’inspiration, Eva m’a expliqué comment se passe la préparation d’une émission : « Nous déterminons les thèmes, ensuite débute le travail de recherche des invités. Puis il y a un travail de documentation, de lectures comme si je révisais pour le bac ! Ensuite il faut structurer l’émission, chercher des sons pour illustrer et rythmer le rendez-vous… Ce sont des heures de travail avant de pouvoir entrer dans le studio et dire bonjour aux invités et aux auditeurs et auditrices ! »

Et pour les curieux, voici la dernière chose que fait Eva avant de prendre l’antenne ou d’entrer en plateau : «Des besoins primaires (sourire) : aller aux toilettes, boire… Une fois dans le studio ou sur le plateau, j’aime parler avec les invités jusqu’au dernier moment. J’ai besoin de sentir leur humeur du moment, de créer un lien aussi. »

L’été se termine bientôt et la rentrée approche à grands pas mais rien ne semble encore vraiment calé pour Eva : « J’aimerais tellement pouvoir répondre à cette question. A l’heure où je vous réponds, je me concentre sur L’été comme jamais. Je ne sais pas du tout à quoi ressemblera ma rentrée.

Jusqu’à présent, mes journées débutaient à 5h du matin et se terminaient à 23h. Des journées rythmées par des réunions de rédaction, des visionnages, des phases d’écriture… Autant vous dire que cela était intense. Cette rentrée devrait être plus calme. Même si la semaine sera un peu plus longue : C l’hebdo sera en direct tous les samedis soir (l’émission était souvent enregistrée précédemment). »

Cela dit, une chose est sûre, Eva est dans les starting bloc pour refaire des pré-matinales car quand je lui ai demandé si elle aimerait en co-présenter de nouveau, elle m’a répondu direct : « OUI ! Malgré la fatigue que cela implique et les sacrifices dans la vie personnelle, j’aime particulièrement ces moments en radio. »

Côté projets, les idées ne manquent pas ! Eva me révèle qu’elle adorerait lancer un nouveau podcast. Elle travaille d’ailleurs actuellement sur des formats de podcast (sur les séries et autres). Mais pour l’instant ce sont des idées couchées sur un bout de papier. Elle ne sait pas encore si elles verront le jour. En parallèle, elle écrit également d’autres projets d’émissions, de scénarii, de livres… A suivre !

Pour terminer cet échange,  j’ai posé quelques questions à Eva en lien avec la culture qu’elle adore et pour avoir ses bonnes adresses à Paris et à Nice. Côté séries, c’est la saison 3 de Sex Education sur Netflix qu’Eva attend avec impatience tout en me précisant qu’elle n’a pas le nez collé aux calendriers des différentes plateformes car elle aime bien être surprise. Même si elle n’a pas eu le temps de lire beaucoup de romans, elle a beaucoup aimé « 907 fois Camille » de Julien Dufresne-Lamy.

Parmi ses adresses coup de coeur à Paris, Eva a choisi pour vous un resto, un musée et un club de jazz. Pour le resto, son immense coup de cœur est Substance dans le 16eme arrondissement. Vous pourrez peut-être la croiser au Jeu de Paume, un musée situé au coeur du jardin des Tuileries , où elle se rend régulièrement pour découvrir les expo photos. Et pour le club de jazz, c’est au Duc des Lombards qu’elle vous conseille d’aller sans même regarder la programmation, tellement c’est une valeur sûre ! Fan de jazz, Eva peut écouter pendant des heures Ella Fitzgerald, Cole Porter, Grégory Porter ou Jamie Cullum. Mais aussi le jazz instrumental du trio de Keith Jarrett, Chet Baker ou le dernier album des frères Belmondo… Elle ne se lasse jamais de ces voix, de ces sons. C’est une découverte permanente ! Pour Eva, le jazz c’est  » la liberté, la tolérance, la réconciliation entre des mondes, une part d’improvisation aussi. » Son coup de coeur jazz de l’année ? Airelle Besson et son album “Try”.

Et à Nice, où manger la meilleure socca à et la meilleure pissaladière ? Pour la Socca, direction Chez Pippo dans le quartier du port.

Pour la meilleure pissaladière, Eva se régale de celle préparée par sa maman mais celle-là, elle n’est que pour elle (rire). Sinon, elle vous recommande celle du boulanger Jean-Paul Veziano dans le vieil Antibes. Une merveille !

Merci à Eva pour ce très sympathique échange, tout à son image ! Et s’il fallait conclure par un mot, pour Eva, ce serait bien sûr : SOURIRE !

Suivez Eva sur Twitter : @roqueeva

Princess Zaza