Thierry Le Roi, guide-conférencier aussi passionné que passionnant, vous propose (re)découvrir le cimetière de Montmartre et l’histoire de Paris, à travers une promenade nécro-romantique ponctuée d’amusantes anecdotes et de faits historiques : « Les Célébrités du cimetière Montmartre ».

Ce conteur-comédien qui réanime les cimetières vous mènera sur les tombes les plus emblématiques auxquelles il rend hommage en partageant avec vous des détails aussi croustillants qu’insolites.

Vous vous arrêterez à la fois sur des tombes de personnes célèbres associées à « l’esprit de la Butte », essentiellement des artistes (musiciens, écrivains, peintres…) et d’autres qui se distinguent en matière d’art funéraire. Je vous fais découvrir une partie des sépultures sur lesquelles Thierry nous a emmenés.

Le saviez-vous ? Pendant près de huit siècles, le plus grand cimetière parisien était celui des Innocents. Il se trouvait dans le quartier des Halles, à l’emplacement de l’actuelle place Joachim-du-Bellay au centre de laquelle se tient la fontaine des Innocents. Il aura fallu attendre l’effondrement d’une partie du cimetière en 1780, pour envisager la conception de cimetières en dehors de la ville. Le premier fût le cimetière de l’Est, dit du Père-Lachaise (44 hectares/70 000 tombes), ouvert en 1804. Le deuxième est celui du Montparnasse en 1824 et le troisième celui de Montmartre en 1825 (11 hectares/ 11 000 tombes).

La visite débute par la tombe de Sacha Guitry, juste à l’entrée du cimetière. Ce jeune prodige et artiste aux multiples talents devient en 1911, un grand personnage de la vie parisienne. « L’aristocrate du boulevard » connu pour ses bons mots et ses frasques amoureuses enthousiasme la capitale. Voici l’une de ses citations que j’aime beaucoup : « Le luxe est une affaire d’argent. L’élégance est une question d’éducation. »

On s’arrête également sur la tombe d’Eugène Labiche, l’inventeur du Vaudeville, qui se veut une comédie légère construite sur une intrigue amusante associant un mari et une maîtresse (ou une femme et un amant), beaucoup de portes qui claquent et toujours, une fin heureuse.

Thierry nous emmène ensuite découvrir un trésor de l’art funéraire en nous menant sur la tombe de Jules Castagnary, journaliste, critique d’art du XIXème siècle. Le buste qui la décore a été réalisé par Rodin lui-même !

Vous avez peut-être remarqué qu’un pont enjambe une partie du cimetière de Montmartre ? C’est le pont routier Caulaincourt qui relie la rue Caulaincourt et le boulevard de Clichy. Inauguré en décembre 1888, quelques années avant l’Exposition Universelle de 1900, c’est le premier pont en acier construit à Paris. Il est l’oeuvre de Henri Dayde, ingénieur et industriel français, qui repose à Montmartre.

L’inconvénient de ce pont est qu’il prive de lumière certaines tombes et qu’elles se retrouvent recouvertes d’une épaisse couche de poussière. A tel point, que certaines familles ou associations ont fait déplacer la tombe des défunts. C’est le cas de celle de Henri Beyle, plus connu sous le pseudonyme de Stendhal.

Tout au long de la visite, le cimetière prend vie et se transforme en tableau vivant à travers les tombes d’illustres personnages : la célèbre cancaneuse Louise weber dite « La Goulue« , Emile Zola (qui n’est plus au cimetière de Montmartre puisque il a été panthéonisé en 1908, c’est sa veuve qui repose à Montmartre) et Hector Berlioz.

On continue cette plongée dans la vie artistique avec la tombe de François Truffaut, le plus séducteur des réalisateurs français, pour qui le cinéma est un « art de la femme, c’est-à-dire de l’actrice« . Avant l’arrivée de Dalida, c’était la tombe la plus visitée du cimetière de Montmartre.

Il repose non loin de Jeanne Moreau, icône du cinéma français, qui disait de cet homme discret et pudique, que malgré son visage assez fermé, il avait un rire d’enfant. Ce qui devait certainement lui donner beaucoup de charme.

Jeanne Moreau a tourné dans plus de 130 films aux côtés d’autres stars du cinéma français. On se souvient bien évidemment de son rôle dans Jules et Jim, film dans lequel elle interprète la sublime chanson Le tourbillon de la vie.

Vient ensuite la tombe de Daniel Iffla dit Osiris, un banquier philanthrope, le plus grand mécène du XIXème siècle. Il est à l’origine du legs le plus important reçu par l’Institut Pasteur (36 millions de francs-or) et précisa dans son testament : « Ayant toujours eu l’ardent désir de favoriser les découvertes scientifiques qui peuvent contribuer au soulagement de l’humanité, je place mon legs universel et son exécution sous l’invocation de la mémoire du grand Pasteur, une des gloires les plus pures de mon pays ».

En regardant sa tombe, vous avez peut-être reconnu la sculpture de Moïse. Il s’agit d’une reproduction de celle que l’on trouve sur la tombe du pape Jules II à Rome et qui a été réalisée par Michel-Ange.

On se dirige ensuite vers la tombe de Gustave Guillaumet, peintre orientaliste français, qui était passionné par les peuples d’Afrique du Nord, notamment d’Algérie. Son tableau le plus célèbre, Tisseuses à Bou-Saâda, est exposé au musée d’Orsay. Sa tombe met véritablement à l’honneur l’art funéraire.

La sculpture en bronze qui la décore est une reproduction de la tisseuse vue par l’artiste Louis Ernest Barria. Elle est vraiment de toute beauté et dégage beaucoup de douceur. Tout comme cette magnifique pleureuse, certainement la plus belle du cimetière.

Le saviez-vous ? Il y a 3 cimetières à Montmartre : celui que je suis en train de vous présenter qui est le principal et le plus connu, celui de Saint Vincent où repose Michou et le cimetière du Calvaire, le plus petit des cimetières parisiens, où sont enterrés des meuniers de Montmartre (envron 80 tombes), il est fermé au public (sauf le 1er novembre et parfois, lors des Journées du patrimoine).

La visite se poursuit avec la tombe d’Alexandre Dumas Fils, surtout connu pour une oeuvre littéraire : La dame aux camélias, adaptée au théâtre et à l’opéra (La Traviata). Quant à Alexandre Dumas Père, il est au Panthéon.

Nous découvrons ensuite les tombes de la ballerine romantique Marie Taglioni, considérée comme la première à utiliser des pointes mais qui repose en fait au cimetière du Père-Lachaise, et celle du danseur chorégraphe russe, Vaslav Nijinsky (en costume de Petrouchka), surnommé « le dieu de la danse ». Il est l’un des précurseurs des ballets modernes.

Le saviez-vous ? On appelle cénotaphe, un monument funéraire qui ne contient pas de corps, simplement élevé pour rendre hommage à la mémoire d’une personne. C’est généralement le cas des monuments aux morts. Dans certains cas, il peut s’agir d’une tombe réelle, mais où le corps du défunt ne repose plus.

Nous continuons notre visite en nous dirigeant vers le tombe du niçois Dick Rivers, enterré en 2019 au cimetière de Montmartre. Cela nous donne l’occasion de nous pencher sur l’art funéraire car sa tombe raconte toute une histoire.

On observe une forme de guitare de couleur bleue pour rappeler l’esprit rock’n’roll de l’artiste, qui aux côtés de Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, a popularisé le rock’n’roll en France. Un dessin qui représente une route décore aussi sa tombe, peut-être pour rappeler la chanson « Sur la route de Memphis » ? Et aussi, on voit des notes de musique qui sont celle de la chanson « Faire un pont ». Pourquoi ce titre ? Est-ce pour faire un lien entre la vie et la mort, symbolisant le passage d’une rive à l’autre ? A chacun son interprétation. 🙂

Pour éviter d’encombrer la tombe et permettre aux gens de déposer des fleurs, un espace adjacent à la tombe a été prévu par la famille.

Le saviez-vous ? Le seul monument funéraire en forme de rotonde est celui du Professeur Grancher, reconnu pour ses recherches sur la tuberculose et pionnier dans la prévention de la tuberculose infantile. Il participe, avec Louis Pasteur et le Professeur Alfred Vulpain, à la première vaccination contre la rage sur le jeune garçon Joseph Meister, qui avait été mordu par un chien enragé

Passage ensuite devant la tombe de Fred Chichin, du groupe Rita Mitsouko avant d’arriver sur celle de Michel Berger et France Gall, une magnifique chapelle en verre.

Voici à présent l’une des rares personnalités politiques du cimetière de Montmartre : la sépulture d’Alphonse Baudin, député (élu de l’Ain à l’Assemblée Nationale) et franc-maçon. Icône républicaine, il est mort sous les barricades du Faubourg Saint-Antoine, dans le quartier de Bastille, alors qu’il cherchait, avec  Schoelcher, à soulever le peuple parisien contre le coup d’état perpétré par Louis Napoléon Bonaparte. Pendant son exil à Bruxelles, Victor Hugo relatera le récit de sa mort dans « l’Histoire d’un crime ».

Si vous regardez attentivement la sculpture, vous verrez que l’artiste Aimé Millet a représenté l’impact de la balle sur le côté du front, la main droite montre la loi et il a ajouté l’inscription suivante : « A Alphonse Baudin, représentant du peuple, mort en défendant le droit et la loi, le 3 décembre 1851 ». Alphonse Baudin a été panthéonisé en 1889.

En voilà une tombe qui interpelle le visiteur : le « cactus erectus » de Siné en forme de doigt d’honneur avec l’épitaphe très drôle « Mourir ? Plutôt crever ! », en clin d’oeil au documentaire qui lui a été consacré.

Siné est une des figures emblématiques du dessin satirique français, ancien de Charlie Hebdo. Vous remarquerez que la taille de la tombe est toute petite, c’est ce que l’on appelle un cavotin, uniquement destiné à recevoir des urnes.

Avant d’aller découvrir la tombe de la star du cimetière de Montmartre, nous nous arrêtons sur celle de Jean-Claude Brialy, acteur, réalisateur, scénariste et écrivain français. Sa tombe est décorée d’une jolie sculpture d’une muse couronnée de pavots, fleur du sommeil et des rêves.

Il est enterré à côté de Marie Duplessis, La Dame aux camélias, célèbre courtisane à laquelle il a rendu hommage dans un de ses films.

Nous terminons la visite en nous rendant sur la tombe de Dalida, la plus visitée de tout le cimetière ! Son frère Orlando la fait fleurir chaque année au début du mois de mai pour commémorer l’anniversaire de sa mort. La statue est tournée vers l’Est, vers le soleil levant et vers la Butte Montmartre.

J’ai adoré cette promenade au cimetière de Montmartre avec Thierry Le Roi et les nécro-romantiques ! C’est une sortie culturelle et bucolique, instructive et drôle que je vous recommande vivement .

Prochaine visite du cimetière de Montmartre : Mercredi 13 octobre 2021 à 14h30 sur réservation à lesnecroromantiques@gmail.com.

Informations pratiques :

Les nécro-romantiques
Tarif : 20 euros
Durée : environ 2h30
Rendez-vous 10mins avant l’heure du départ à l’arrêt de métro Station Blanche (ligne 2)

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Princess Zaza