Grand reporter de la presse écrite, Marion Van Renterghem a passé près de 30 ans au sein de la rédaction du journal Le Monde. Aujourd’hui, elle est journaliste indépendante, a écrit plusieurs livres, notamment sur l’Europe et Angela Merkel, intervient ponctuellement dans l’émission C’est dans l’air sur France 5, tient une chronique hebdo dans L’Express et écrit dans des journaux britanniques comme The New European ou The Guardian.

C’est aussi l’une des journalistes les plus primées en France. En 2003, elle a notamment reçu le prestigieux Prix Albert Londres de la presse écrire pour sa chronique quotidienne depuis Topeka, la capitale du Kansas, au moment où les Etats-Unis menaient la guerre en Irak. En 2017, elle a obtenu le prix Louise-Weiss du journalisme européen pour sa série de six articles sur Angela Merkel parue dans Le Monde et intitulée « Angela Merkel d’Est en Ouest ». La même année et pour cette même série d’articles, elle fût également récompensée par le prix franco-allemand du journalisme.

Pour Marion, le journalisme est bien plus qu’un métier, c’est un état d’esprit, une manière de vivre. Toujours un œil sur l’actualité, toujours en mouvement. Une femme de passion et de conviction ! Ses thèmes de prédilection sont Angela Merkel, le populisme, le Brexit et l’Europe. Nous avons eu un échange passionnant et je l’en remercie !

Le journalisme ou l’émergence de voix contradictoires

De mon point de vue, un bon journaliste est un observateur attentif du monde qui l’entoure, il possède un esprit curieux, s’attache aux faits, les décrypte avec le plus de justesse possible et les met en perspective pour leur donner du sens. Il fait entendre des voix et partage des histoires. Si j’ai voulu interviewer Marion, c’est parce qu’elle partage cette conception du métier :

« La base du journalisme, dit-elle, c’est observer, regarder, écouter les paroles et les restituer dans leurs contradictions. Il est essentiel de toujours chercher les voix contradictoires, de les faire émerger et de les restituer, même si elles ne vont pas forcément dans le sens de ce qu’on veut entendre. C’est d’autant plus vrai à notre époque où est en train de s’imposer ce nouveau sectarisme qu’on appelle la « cancel culture » aux Etats-Unis, qui pousse à écarter un fait s’il n’est pas politiquement correct. »   

Et concrètement, c’est quoi, « faire émerger des voix contradictoires » ?

« Quand on est en reportage, il faut savoir aller vers les gens, respecter les différentes personnalités qu’on interviewe, capter leurs émotions, restituer les points de vue respectifs de chacun. Les transposer en récit exige de rendre compte de la complexité avec le plus d’honnêteté possible. Un fait ne se résume pas à du pour ou du contre, à du bien ou du mal. Un fait ne se résume pas toujours à ses apparences. Il ne s’impose pas toujours de manière évidente, il faut aller le chercher. La mission du journaliste c’est de ne pas renoncer à cette complexité. On doit aussi veiller à repérer une parole fausse, celle qui serait formatée par des éléments de langage. Si plusieurs personnes disent la même chose de la même manière, c’est suspect et il faut prendre le temps de chercher les voix singulières, plus vraies. »

Marion se souvient avec émotion de ces jeunes filles originaires de Moldavie ou de Roumanie, qui avaient été prostituées de force par des mafias albanaises. La plupart avaient répondu à une petite annonce qui leur promettait un travail en Italie et se retrouvaient violées, embarquées dans une vaste traite d’esclaves, parfois jetées sur les routes après usage. Marion était allée les rencontrer dans les Pouilles, où un prêtre leur avait offert le refuge. Et là, en plusieurs jours, des survivantes lui avaient raconté leur histoire.

Bien évidemment, cela suppose d’avoir du temps ! Pour Marion, « le temps est un outil indispensable du journalisme. La rapidité conduit toujours à l’erreur parce qu’elle amène à la simplification. Le simplisme binaire, oui/non, bien/mal, qui est largement favorisé par les réseaux sociaux et les chaînes télévisées d’information en continu, est le poison de notre époque. »

Au-delà du temps, pour décrypter un fait avec justesse, il est fondamental de bien connaître la culture du pays. Culture et journalisme sont étroitement liés. « Quand on est en reportage, qu’on fait le portrait de quelqu’un ou qu’on cherche à comprendre un fait d’actualité, saisir les nuances ne demande pas seulement du temps. Les individus ne sont jamais déconnectés d’un contexte historique et sociétal, de la psychologie collective d’un pays. Les cas d’Angela Merkel ou du Brexit, deux sujets sur lesquels j’ai beaucoup travaillé, sont significatifs : ni l’arrivée au pouvoir de Merkel, ni le référendum sur le Brexit ne peuvent s’expliquer ex-nihilo, hors du contexte historico-géo-politique dans lequel ils ont eu lieu. »  

Un reporter n’a pas toujours le temps d’enquêter sur la culture d’un pays avant d’aller sur le terrain. Pour Marion, le temps du voyage est un moment privilégié qu’il faut savoir utiliser pour lire et s’imprégner de ce contexte, quitte à l’enrichir au fil du temps : « Quand je pars, j’emporte et je lis ce que je peux – dossiers de presse, livres d’histoire, essais. La compréhension d’un pays ou d’une société est un mouvement permanent et à double sens : les livres aident à comprendre le terrain, le terrain aide à comprendre les livres… Et il faut bien le dire, plus les années passent, plus les expériences accumulées vous rendent apte à décrypter les situations, les événements, les gens. »

La lutte contre la désinformation

Les chaînes d’information en continu connaissent un succès croissant et pourtant, elles ne font que rapporter des faits bruts, en temps réel, sans contexte. Pour moi, elles font ce que j’appelle du « sensationnalisme ». On peut alors se demander s’il s’agit toujours de journalisme ? J’ai voulu avoir l’avis de Marion :

« Il ne faut pas tout mélanger : il peut bien sûr y avoir des bons journalistes et du bon journalisme sur les chaînes d’information en continu. Ce que je critique, c’est le principe sur lequel ces chaînes reposent : le fait de devoir occuper l’écran non-stop conduit à ne rien hiérarchiser, à ne rien contextualiser, à monter en mayonnaise des événements qui n’en valent pas la peine, et à toujours privilégier l’émotion, le sensationnel ou la provocation au détriment de la vérité. C’est extrêmement dangereux et cela encourage encore la réduction du réel à une vision binaire et moralisatrice, pour ou contre.

Cela dit, ces chaînes d’information en continu n’existent que parce que nous le voulons bien. Elles sont le reflet de l’air du temps, de ce que nous sommes. Nous sommes une société de l’inattention, comme l’explique bien Bruno Patino dans son livre ‘’La civilisation du poisson rouge’’. Il y a peut-être du bien à en tirer, mais pour l’instant j’y vois plutôt une régression intellectuelle collective, et c’est pour s’y adapter que les inventeurs de ces chaînes ont imaginé un concept où les sujets changent toutes les minutes et tournent en boucle.

Mais nous avons une deuxième caractéristique : nous sommes aussi une société du scandale. On a pris le goût à la petite phrase choc, provocante. Les médias les plus populaires, les réseaux sociaux et les chaînes d’infos, l’ont bien compris et en sont la caisse de résonnance idéale. Ces médias préféreront toujours les propos polémiques et outrageants et les images de violence à un discours modéré ou à un documentaire qui demande un effort de concentration. Là aussi, c’est dangereux et c’est un cercle vicieux.

Par exemple, les terroristes islamistes ont besoin des chaînes d’infos pour atteindre leur objectif, qui est de montrer leur action à la terre entière pour se faire craindre. Autre exemple d’un tout autre genre, les gilets jaunes : jamais les chaînes n’ont autant couvert un mouvement social que celui des gilets jaunes, au moment où celui-ci est devenu violent. Cercle vicieux : les gilets jaunes avaient besoin de la violence pour exister sur les chaînes qui avaient besoin de la violence des gilets jaunes… etc. » Pour autant, faut-il supprimer ces chaînes ? « Il n’y a aucune raison de le faire : elles sont libres d’exister, elles ne diffusent rien qui contrevienne à la loi et il y a des millions de gens qui les regardent !»

L’époque actuelle est aussi marquée par les Fake News et Alternative Facts, pas toujours simple de s’y retrouver ! J’ai demandé à Marion si elle avait un conseil à me donner : « Mon conseil est de lire des livres et des journaux et de ne pas se contenter des images ou des tweets qui sont comme des slogans publicitaires. On a en France des journaux de qualité, qui n’ont pas la même hiérarchie de l’information, pas la même présentation des faits, pas la même ligne politique, et c’est justement la diversité qui est enrichissante. Dans ma masterclasse sur le journalisme, j’insiste sur le fait qu’il faut arrêter avec ce cliché de la « neutralité journalistique ». Un journaliste a le devoir d’être honnête, ça ne veut pas dire qu’il doit être neutre, et d’ailleurs il n’a même pas la possibilité de l’être car chez un être humain, la neutralité n’existe pas. Personne n’est neutre : ni les journalistes, ni les lecteurs. Résister aux fake news n’exige pas de renoncer à ce qu’on est, mais de ne pas se contenter d’un aspect partiel, simpliste et non contradictoire des choses. »

Le journalisme face au populisme

J’ai ensuite poursuivi la discussion sur le populisme, un thème sur lequel Marion s’est exprimée à de nombreuses reprises. Le populisme consiste notamment à avoir une approche binaire de la société en opposant le peuple aux élites – politiques, économiques ou médiatiques. Actuellement en montée constante un peu partout dans le monde, il est incarné par des dirigeants comme Trump, Johnson, Bolsonaro, Orbán, Poutine…. Tous ont la caractéristique de détester les médias traditionnels et de considérer que les journalistes sont des ennemis. Compte tenu de ce contexte, faut-il avoir du courage pour être journaliste ?

« Ce serait un peu excessif de dire qu’il faut du courage dans une démocratie comme la France, où la presse et les opinions sont libres, et où même sur les chaînes du service public on peut vomir tout à son aise sur le pouvoir en place. J’ai une admiration infinie pour les journalistes des pays non démocratiques, pour qui l’exercice du métier est véritablement une question de vie ou de mort. Cela dit, il y peut y avoir des situations de danger, même en France, à se lancer dans des enquêtes gênantes ou à aller sur des terrains où les journalistes sont mal vus. C’est le cas dans certains mouvements de foules qui nous cataloguent comme des « élites » et nous rangent dans le camp des ennemis à abattre. Plus généralement, je vois aussi notre métier comme une sorte de mission pour combattre les fake news et le populisme ambiant. Je ne dirais pas que c’est du courage, mais il faut en tout cas beaucoup d’obstination, de persévérance, de passion, pour toujours essayer de comprendre le réel dans sa complexité et ne pas céder à la simplification, alors que le simplisme est à portée de mains. »  

Marion sortira d’ailleurs un ouvrage sur le populisme en 2021. Parmi les livres ouverts en ce moment sur sa table de chevet, il y a « Peuplecratie » de Marc Lazar et « Est-ce déjà demain ? » de Ivan Krastev.

Passion Angela Merkel

S’il y a une personnalité politique qui fait partie intégrante de la vie de Marion, c’est Angela Merkel. Une véritable passion ! Depuis de nombreuses années, Marion s’intéresse de près à la Chancelière allemande : « Si vous me demandez quelle est l’histoire qui m’a le plus fascinée, dans ma vie de journaliste, je pense que c’est ma longue quête d’Angela Merkel. J’ai commencé à m’intéresser à elle quand elle est arrivée au pouvoir en 2005, parce qu’elle ne ressemblait en rien aux dirigeants habituels de l’Allemagne d’après-guerre : c’était une femme, fille de pasteur, et surtout elle avait passé la plus grande partie de l’autre côté du Rideau de fer. En 2009, j’ai fait un premier portrait d’elle dans Le Monde et j’ai continué à m’intéresser à elle, jusqu’à partir sur les lieux de son destin atypique, de l’Ouest à l’Est de l’Allemagne. J’en ai fait une série de six articles dans Le Monde, en 2016, puis un livre Angela Merkel, l’OVNI politique. » Paru en 2017 aux éditions des Arènes, ce livre lui a valu le prix Simone Veil en 2018 et une nouvelle édition, largement complétée, paraîtra au printemps 2021.

Cette quête n’a pas été sans obstacles, à commencer par le refus d’Angela Merkel d’accorder des interviews en tête à tête aux journalistes étrangers. Mais Marion s’est obstinée  : «  J’ai souvent vu Angela Merkel dans des conférences de presse, à Bruxelles, Berlin ou Paris mais il me manquait un tête à tête. J’ai fini par lui arracher cinq précieuses minutes avant de boucler mon livre. Mais finalement, je pense qu’elle m’a rendu service en me rendant la vie difficile. Elle m’a obligée à creuser plus de pistes et à interroger les gens de  son entourage, peut-être plus que je ne l’aurais fait si elle m’avait accordé une longue interview. » 

«Angela Merkel représente à elle seule tout un monde. Son destin entre l’Est et l’ouest est incroyable et totalement unique parmi les grands dirigeants actuels : née à l’ouest, élevée à l’est, retournée à l’ouest sur le tard, après la chute du mur, pour se lancer en politique, jusqu’à la manière machiavélique avec laquelle elle a assassiné Helmut Kohl, son mentor. Sa simplicité, la modestie de son mode de vie et son refus des attributs du pouvoir, au bout de quinze ans de règne, est proprement incroyable. Elle n’est pas une femme d’Etat exceptionnelle, elle a souvent manqué d’audace, mais elle représente un style de dirigeant qui est en train de disparaître. C’est un destin de femme politique comme on n’en rencontrera plus et le fait de la suivre pendant si longtemps a représenté pour moi un bonheur journalistique comme je n’en aurai sans doute plus. »

Une obsession : le Brexit

Marion est aussi une Européenne convaincue et une spécialiste attristée du Brexit, qu’elle qualifie d’« absurdité totale ».      

C’est avec passion qu’elle m’a parlé de ce sujet : « Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a jamais pu expliquer en quoi le Brexit apportait une amélioration quelconque au Royaume-Uni – ni d’ailleurs, accessoirement, à l’Union Européenne. Ça n’est que du moins bien. Comment peut-on honnêtement prétendre tirer un bénéfice économique quelconque à quitter la plus grande zone de libre-échange du monde ? Tout cela n’a été du début à la fin qu’une vaste supercherie idéologique, fondée sur le fantasme d’un « exceptionnalisme britannique », savamment utilisé par quelques populistes comme un instrument de conquête du pouvoir. A présent, les britanniques vont devoir se débrouiller seuls, peut-être pas si mal que ça, car c’est un peuple intelligent et dynamique, mais ce sera forcément moins bien que quand ils étaient dans le marché unique. Par exemple Boris Johnson avait fait valoir aux électeurs  – et cet argument a compté dans la victoire du référendum – que le Brexit permettrait dans la foulée un accord commercial avec les Etats-Unis. Fabuleux ! Sauf que l’accord, comme c’était prévisible, vient d’échouer lamentablement. Une petite puissance isolée comme le Royaume-Uni ne peut rien obtenir d’une grande puissance comme les Etats-Unis. L’Union Europénne, si. »

Comme nous l’évoquions avec Marion en début d’entretien, sur ce sujet aussi, on voit combien la culture du pays a été déterminante dans le vote en faveur du Brexit : « Le Brexit est indissociable de la culture profonde du Royaume-Uni. Le sentiment britannique anti-européen procède de cet exceptionnalisme, qui lui-même s’est nourri de leur victoire lors de la Seconde guerre mondiale, avant d’être travaillé pendant des décennies par les tabloids anglais. Le Brexit est une construction idéologique dont Boris Johnson s’est servi pour conquérir le pouvoir. Il s’est emparé de cette cause parce qu’elle lui fournissait un espace politique où exister. C’est Johnson qui a fait basculer le référendum du côté du Brexit, ce que Nigel Farage n’aurait pas réussi à faire. »

J’ai aussi demandé à Marion si selon elle, Boris Johnson restera Premier Ministre une fois actée la sortie de l’Union européenne, en décembre 2020. « Rien n’est moins sûr : Boris Johnson est brillant, charismatique, drôle, et sans foi ni loi. Il a conquis le pouvoir à coup de slogans, de fausses promesses et de mensonges. Le temps de la conquête est passé, vient celui de l’exercice du pouvoir et c’est beaucoup plus compliqué pour lui de continuer à faire illusion. La crise du coronavirus le met à nu : il l’a gérée de manière calamiteuse et le Royaume-Uni affiche le pire bilan en Europe en termes de mortalité (après la Belgique), et une chute historique de l’économie. Ça fait beaucoup d’échecs, auquel s’ajoute l’échec de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, entre autres. Il n’est donc pas du tout exclu que la majorité conservatrice du Parlement l’empêche d’aller au bout de son mandat. Le favori du moment serait Rishi Sunak, l’actuel Chancelier de l’Echiquier. Mais tout est possible, et la crise majeure qui nous attend interdit plus que jamais de se lancer dans des pronostics. »  

Européenne dans l’âme

Marion avait déclaré dans une interview en septembre 2019 : « Je me sens européenne avant de me sentir française. » Elle m’a confirmé que c’était toujours le cas aujourd’hui : « Je le pense très profondément. Je suis évidemment très attachée à la France, et pour la France pendant les coupes du monde de foot. Mais j’ai des origines belges et je me sens vraiment chez moi dans ce grand jardin qu’est l’Europe. J’aime particulièrement l’Angleterre, l’Allemagne de Merkel me passionne, je suis attachée à la Belgique flamande où mon père est né, et j’aime l’Italie parce qu’on ne peut qu’aimer l’Italie. »

L’Union européenne est aujourd’hui menacée par les grandes puissances. Les Etats-Unis ne sont plus l’allié qu’ils étaient, la Russie la voit en ennemie, la Chine veut y étendre son empire économique et écraser les démocraties qu’elle perçoit comme un danger pour le régime communiste. L’avenir de l’Europe pourrait paraître incertain. Qu’en pense Marion ?

« Les démocraties parlementaires de l’Union européenne sont tout ce que détestent les nationalistes-populistes. L’étape franchie récemment vers une Europe plus fédérale et plus politique, grâce au plan de relance et d’endettement commun, est leur cauchemar.  La chance de l’Europe est que ces nationalistes-populistes ont toujours eu beaucoup de mal à s’entendre. On l’a vu au moment des élections européennes, ils n’ont jamais réussi à constituer un groupe soudé. Certains sont pour le libre-échange et d’autres pour le souverainisme. Certains sont conservateurs et d’autres beaucoup moins. Il y a des pro-Russes et des anti-Russes. Ils sont jusqu’ici incapables de fédérer une vision commune mais s’unissent à travers quelques ennemis communs, comme l’Union européenne et les migrants. La prochaine élection présidentielle américaine aura la valeur d’un test : si Trump est réélu, la dynamique jouera en faveur des populistes. S’il ne l’est pas, tous ses homologues perdront du poids. »

L’autre chance de l’Union Européenne, c’est que dans un monde multilatéral, où seules les grandes puissances peuvent se faire entendre, sa nécessité est de plus en plus évidente. Ce monde aux équilibres instables est aussi capable de bonnes surprises, comme on l’a vu récemment avec le plan de relance proposé par Angela Merkel et Emmanuel Macron, mis en oeuvre par la Commission européenne et adopté par l’ensemble des 27 chefs d’Etat et de gouvernement. Il constitue une immense défaite pour les populistes et un bel exemple de la solidarité européenne. Ce que m’a confirmé Marion : « La crise du Coronavirus a été un moment inespéré pour faire la démonstration d’une Union Européenne unie, forte, solidaire à un moment où elle était plus fragile que jamais, et même au bord du gouffre. Cet accord historique d’une mutualisation partielle des dettes est une étape fondamentale vers une Europe plus fédérale et plus politique. »

Pour terminer notre échange par une touche plus ludique, j’ai interrogé Marion sur ses « Guess where? » (Devine où ?) : ce sont des photos de lieux en Europe qu’elle poste régulièrement sur son fil Twitter en proposant à ses followers de les situer sur la carte.

« L’idée m’est venue comme ça, je n’y ai pas vraiment réfléchi. Je me suis surtout donné pour mission de faire comprendre la nécessité de l’Union Européenne et pour moi cette nécessité est d’abord d’ordre culturel. Il faut voir l’Europe comme un pays familier. J’ai commencé à poster des photos pour m’amuser et j’ai été étonnée de constater que beaucoup de gens se prenaient au jeu, cherchaient et souvent trouvaient la bonne réponse, que ce soit à Paris ou dans des lieux très reculés en Europe. Ça crée du lien, comme une mini communauté européenne, et je trouve ça chouette. »

Un immense merci Marion pour le temps que vous m’avez accordé et la qualité de nos échanges ! Ce fut un plaisir ! A bientôt, à Paris ou à Londres ! 🙂

Pour retrouver le livre de Marion : Angela Merkel l’ovni politique et sa masterclass sur le journalisme.

Princess Zaza