(c) Samuel Boivin / Instagram @boivinsamuel

Lorsque j’ai rencontré Clément Lanot il y a quelques années, j’ai tout de suite aimé le jeune homme passionné et curieux qu’il était déjà, avec ce goût du terrain, au plus près de l’actualité, et cet intérêt pour les images.

Autoditacte et précoce, il a en grande partie appris par lui-même, aux côtés de professionnels de la vidéo. À force de détermination et de persévérance, il est devenu JRI (Journaliste Reporter d’Images) Freelance, pour ramener des images qui seront diffusées par les médias sur les sujets qui font l’actualité.

Je suis allée à sa rencontre pour partager avec vous son parcours, son quotidien et sa vision du journalisme.

(c) Samuel Boivin / Instagram @boivinsamuel

Quel est ton parcours ?
Clément Lanot : J’ai fait un Bac Scientifique filière Sciences de l’Ingénieur option Informatique et Sciences du Numérique. Puis un BTS Audiovisuel option Montage et Post-production à Boulogne-Billancourt.

C’est pendant mon BTS que j’ai commencé à couvrir des évènements d’actualité. À l’époque, c’était les manifestations contre la Loi Travail, au printemps 2016.

Au début, je faisais des reportages pour le site Radio-Londres.fr qui a été créé par Hugo Travers. Puis, j’ai compris que mes images pouvaient intéresser les médias et que cela pouvait devenir une activité professionnelle.

Après mon BTS, j’ai décidé de tenter une année en freelance à plein temps afin de voir si cela me convenait et si c’était viable comme activité. Cela fait maintenant deux ans que je suis JRI freelance.

Comment se déroule une journée type ? 
CL : C’est très compliqué comme question car il n’y a pas de journée type. Selon l’actualité du moment, c’est toujours différent.

Je peux très bien avoir un tournage de prévu, comme une manifestation par exemple. Dans ce cas, le matin je fais une veille sur les dernières actualités, puis je vais sur le terrain couvrir l’évènement et j’envoie mes images aux rédactions, soit depuis le terrain directement, soit depuis chez moi.

Un autre scénario est celui où une actualité forte tombe au dernier moment. Je pars au plus vite pour proposer rapidement des images aux rédactions.

C’est important de préciser qu’une actualité forte et imprévue peut tomber à n’importe quel moment. Il m’arrive souvent de partir au milieu de la nuit ou très tôt le matin. C’est aussi une forte contrainte personnelle car je suis d’astreinte permanente.

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Quelle place les réseaux sociaux occupent-ils dans ton métier ? 
CL : Les réseaux sociaux ont une très grande place dans mon métier ! Je suis presque toute la journée sur Twitter. C’est un moyen très simple pour « voir ce qu’il se passe ». Les politiques et les journalistes sont tous sur Twitter.

Un autre exemple :  le mouvement des Gilets Jaunes a démarré sur Facebook et Emmanuel Macron n’a réagi aux violences de la manifestation du 24 novembre que par un tweet.

Je tweete aussi beaucoup sur les événements que je couvre. Je sais que plusieurs rédacteurs en chef surveillent mes tweets pour voir ce que j’ai comme images avant même que je les prévienne directement.

J’utilise aussi beaucoup Youtube. C’est là que je poste mes images pour les envoyer aux rédactions. Sur ma chaîne (CLPresse), les gens peuvent consulter les images que j’ai tournées. Je publie un bout à bout de tout ce que j’ai tourné, sans commentaire ni voix off. C’est parfois assez long (20 à 30 minutes) mais beaucoup de personnes aiment ce format là.

(c) Samuel Boivin / Instagram @boivinsamuel

Que préfères-tu dans ton métier ? 
CL : En tant que freelance, ce que je préfère c’est que chaque jour est différent, rien n’est pareil d’une journée à l’autre. Je n’ai pas d’horaires, pas de routine. Chaque jour est une surprise.

Être freelance, c’est aussi une très grande liberté.

Et bien sûr, ce que j’apprécie énormément, c’est qu’en tant que journaliste, je découvre chaque jour de nouvelles choses, des nouveaux sujets et de nouvelles personnes.

Parmi toutes les actualités, comment choisis-tu les sujets que tu couvres ? 
CL : Je privilégie en général l’actualité principale de la journée ou du moment. J’essaie toujours d’avoir un sujet le plus complet possible. Ce qui peut être compliqué en tant que freelance.

Et je m’adapte à ce qu’il se passe sur le terrain pour pouvoir avoir des images qui peuvent intéresser les rédactions.

Les plus grosses galères que tu as rencontrées ?
CL : Je ne sais pas si c’est vraiment une galère mais l’hiver dernier pour couvrir la tempête de neige en Ile de France, j’ai décidé avec des amis journalistes de partir de Boulogne-Billancourt jusqu’à Vélizy-Villacoublay pour faire des images de la N118 fermée à cause de la météo.

Au final, nous avons marché près de 10 kms pendant la nuit, sous la neige pour rapporter des images des automobilistes bloqués, des gymnases ouverts par les villes, des routes fermées.

On a du commencer à travailler à 22h et on à terminé à 8h le lendemain matin. C’était assez dingue !

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Parmi les sujets que tu as couverts, quels sont ceux dont tu es le plus fier et pourquoi ? 
CL : Mes sujets sur la neige de l’hiver dernier sont parmi ceux que je préfère. Il y a un vrai sujet : avec quelques centimètres de neige, l’Ile de France a été totalement paralysée.

Les personnes que j’ai rencontrées cette nuit là et leurs histoires sont très fortes et j’ai fait de jolies images ! La N118 avait un air de The Walking Dead.

Je suis aussi assez fier des images pour lesquelles j’ai une exclusivité.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le journalisme ? 
CL : Il faut être très curieux et passionné. C’est vraiment un métier de passion. Surtout sur le terrain en tant que freelance !

Comment vois-tu évoluer ton métier dans les prochaines années ? 
CL : Je ne sais pas si j’ai assez de recul pour faire cette analyse. Ce qui est certain c’est qu’il faut être attentif à l’évolution des nouvelles technologies et que les réseaux sociaux vont prendre de plus en plus de place.

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Quels sont tes projets à moyen terme ? 
CL : Je ne sais pas ce que je fais la semaine prochaine alors à moyen terme… Je pense continuer à être freelance tant que cela me plaît. Peut-être qu’après je rejoindrai une rédaction selon les propositions que j’aurai à ce moment là.

Mes projets à moyen terme sont aussi personnel, je viens d’emménager dans mon appartement, je passe mon permis moto : ça me prend déjà pas mal de temps en plus du boulot !

(c) Samuel Boivin / Instagram @boivinsamuel

Merci Clément pour cet échange passionnant et bonne continuation !

Retrouvez Clément Lanot sur les réseaux sociaux : Twitter, Instagram, YouTube.

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