Invader, Seth, D*Face, Shepard Fairey (Obey), Banksy, Mat x Zekky, Add Fuel, Conor Harrington, et bien d’autres…ils sont tous là ! Pour la première fois, les plus grands artistes d’art urbain du moment envahissent le Petit Palais en disséminant leurs oeuvres au sein même des collections permanentes du musée, invitant le visiteur à une véritable chasse aux trésors. Le point d’orgue de la visite est l’exposition de plus de 200 oeuvres monumentales réunies dans une salle qui leur est entièrement dédiée !

L’exposition We are here, en collaboration avec la Galerie Itinérance, est à découvrir jusqu’au 17 novembre au Petit Palais. Foncez, vous allez en prendre plein les yeux et en plus, l’entrée est gratuite !

Y avez-vous pensé ? Le titre de l’exposition, We Are Here, utilisé comme slogan dans divers contextes historiques et contemporains, tels que les luttes pour les droits civiques, évoque les sentiments d’affirmation, de résilience et de revendication ainsi que la visibilité et la légitimité acquises par le mouvement Street art. 

Ce mélange des genres entre les oeuvres anciennes et modernes amène un contraste éblouissant qui met réciproquement les oeuvres en valeur. Il crée aussi un dialogue inattendu qui fonctionne parfaitement, entre l’ensemble des chefs d’oeuvre et l’architecture du lieu. Cette touche de modernité apportée par les oeuvres d’art urbain nous invite à redécouvrir la collection permanente sous un oeil nouveau et prouve que l’art renaît sans cesse avec de nouveaux codes, de nouvelles approches, tout en ayant sa place !

Gros coup de coeur pour l’artiste portugais Diogo Machado, akia Add Fuel ! Pour réaliser ses oeuvres, il utilise l’azulejo, la céramique traditionnelle portugaise émaillée et ornée de motifs géométriques ou floraux, auquel il associe des touches plus contemporaines pour créer un mélange harmonieux, sophistiqué et poétique, sorte de dialogue entre l’ancien et le moderne.

A l’occasion de son exposition dans une galerie à Londres, il a collaboré avec l’artiste D*Face pour créer une superbe affiche, « Broken Promises », mélangeant leurs 2 styles créatifs. Le résultat est vraiment très réussi !

(c) Add Fuel

Comme de nombreux street-artiste, il a aussi investi la rue, à Paris, vous pouvez apercevoir ses oeuvres dans le 13è arrondissement, métro Nationale. Par contre, il s’agit là d’une peinture imitation azulejo et non pas de carreaux de céramiques.

Et voici l’artiste londonien Dean Stockton alias D*Face ! Pour ceux qui ne le connaissent pas, son art s’inspire de l’imagerie pop-art et rappelle l’univers de Roy Lichtenstein ou Andy Warhol. Ses oeuvres sont reconnaissables aux grandes oreilles, mi-elphiques mi-nuages, qu’il ajoute à ses personnages. Elles traitent de manière satirique et parfois sombre de l’obsession de la société pour les célébrités et la surconsommation.

En vous baladant dans le 13è arrondissement de Paris, autour du métro Nationale, vous avez peut-être aperçu ses trois immenses fresques qui décorent le quartier : « Love won’t tear us apart », peinte au printemps 2017 qui représente un couple d’amoureux enlacé, « Turncoat », peinte en avril 2018 et figurant le portrait d’une femme en plan rapproché dont le regard semble nous défier et « Hell for leather » réalisée en 2023 représentant un autre couple enlacé en train de s’embrasser. Lors de mon voyage à Miami, j’ai aussi eu le plaisir de découvrir une autre de ses fresques murales dans le fameux quartier street-art de Winwood : “Never be the same again” (photo de droite).

Le savez-vous ? D*Face a collaboré en 2010 avec Christina Aguilera, sur la pochette de son album Bionic et il y a quelques années, il a renouvelé l’exercice avec le groupe Blink-182 pour la pochette de leur album California, sorti le 1er juillet 2016.

Autre retrouvaille : l’artiste parisien Julien Malland, alias Seth, qui s’appuie sur l’imaginaire pour questionner la société en mettant en scène des personnages d’enfant. A travers ses oeuvres colorées, qui ont toutes une forte dimension onirique et poétiques, il célèbre l’incroyable résilience des enfants tout en nous alertant sur l’état du monde. C’est comme si l’imagination enfantine avait un pouvoir sur le réel.

Bien évidemment vous croiserez à plusieurs reprise la route d’Invader, artiste parisien mondialement connu pour ses oeuvres en mosaïque inspirées du jeu vidéo Space Invaders. A ce jour, il a disséminé près de 4200 Invaders dans l’espace urbain de plus de 80 villes dans le monde ! Il réunit une communauté de plus de 385 000 Flasheurs via son application mobile Flashv Invaders. Si vous souhaitez en savoir plus sur ces Flasheurs passionnés, je vous invite à écouter le Podcast : Already Flashed.

Ci-après l’Alias de DJBA_28, c’est-à-dire une réplique de la 28ème mosaïque qu’ Invader a installée lors de l’invasion de l’île de Djerba en Tunisie en 2020. J’avoue j’ai bloqué sur la beauté et la cohérence de l’ensemble : l’Invader, parfaitement bien choisi, met incroyablement bien en valeur le sublime tableau de Claude Monet « Soleil couchant sur la seine à Lavacourt, effet d’hiver », et réciproquement !

Vous retrouvez également Invader dans la salle Concorde investie par plus de 60 street-artistes témoignant ainsi de la vitalité et de la diversité de la scène urbaine ! A noter l’accrochage façon « touche-touche » typique des salons artistiques d’antan qui donne aussi une impression de majestuosité et de puissance.

Autre artiste présent que j’apprécie beaucoup : l’américain Shepard Fairey alias Obey, connu pour son célèbre portrait bicolore de Barack Obama en 2008.

Pour réaliser ses oeuvres, il détourne des photographies ou de vieilles affiches et utilise des codes visuels empruntés à la propagande politique ou à la publicité. Il a su développer un style graphique aux couleurs réduites et avec des nuances singulières qui rend son art immédiatement reconnaissable.

Au cours de la visite, vous pourrez notamment admirer son oeuvre « Liberté, Egalité, Fraternité » qu’il a conçue en réponse aux attentats terroristes de 2015 à Paris. Basée sur les 3 valeurs essentielles des sociétés démocratiques, son oeuvre véhicule un lien de solidarité entre les Parisiens et les Français. L’artiste explique qu’il a ajouté une larme à cette toile de Marianne en hommage à toutes les fois où ces valeurs ont été bafouées.

Vous l’avez compris, c’est une superbe expo à ne pas râter !

Informations pratiques :

Exposition We are here, jusqu’au 17 novembre 2024, au Petit Palais, Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris

Entrée libre, gratuite et sans réservation
Horaires d’ouverture
Du mardi au dimanche de 10h à 18h

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