TOYOTA TS050 – HYBRID © Arnaud CORNILLEAU (ACO)

Ce week-end a eu lieu la 87ème édition des 24 Heures du Mans, une course automobile d’endurance mythique, créée et organisée par l’Automobile Club de l’Ouest (ACO).

Cet évènement sportif et festif réunit chaque année des milliers de passionnés d’automobiles et des familles qui viennent y passer un moment de convivialité !

Dans cet univers encore largement dominé par la gente masculine, on croise quand même de plus en plus de femmes à tous les postes : spectatrices, pilotes, mécaniciennes, ingénieures, techniciennes, commissaires, chefs de poste, médecins, starter, team manager, organisatrices, contrôleuses, salariées de l’ACO…

Patrouille de France © Dominique BREUGNOT (ACO)

De son côté, l’ACO affiche régulièrement sa volonté de rendre le sport automobile plus accessible aux femmes.

« Il ne s’agit en aucun cas d’obligation, ni même d’appliquer des quotas, mais plutôt d’élargir et de concrétiser le champ des possibles pour les femmes et les jeunes femmes. L’ACO ne veut plus seulement leur permettre le droit de rêver, mais plutôt le droit de faire, de pratiquer, de réaliser leurs envies, leur passion. L’endurance est un sport d’équipe. Au quotidien, à l’ACO, nous œuvrons en relais, hommes-femmes. Le passé et le présent de l’ACO et des 24 Heures du Mans témoignent de notre engagement en ce sens. » Pierre Fillon, Président de l’Automobile Club de l’Ouest 

L’ACO s’associe à de nombreuses initiatives pour promouvoir les femmes. Par exemple, le Circuit International de karting du Mans accueille chaque année la finale européenne de « The Girls on Track » , un programme de détection de pilotes femmes lancé par la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) et sa commission Women in Motorsport, pour attirer les jeunes filles âgées de 13 à 18 ans vers le sport automobile. La Présidente de cette commission n’est autre que Michèle Mouton, vice championne du monde des rallyes en 1982 et concurrente des 24 Heures du Mans en 1975.

Depuis 2016, l’ACO organise aussi la Women’s Cup, une compétition de moto réservée aux femmes, qui rassemble motardes expérimentées et débutantes.

Invitée par l’Automobile Club de l’Ouest, j’ai pu constater au cours du week-end que les femmes étaient bien présentes et j’ai même pu échanger avec Christelle Met, une commissaire de piste.

Une princesse pour donner le départ

© Alexis GOURE (ACO)

Habillée d’un perfecto de cuir noir et chaussée de sneakers, la princesse Charlène de Monaco, épouse du Prince Albert II de Monaco, a donné le départ de cette nouvelle édition des 24 Heures du Mans en brandissant un immense drapeau tricolore. Sa tenue et sa présence apportait une touche rock’n’roll et féminine bienvenue aux côtés des officiels.

Elle était accompagnée de Pierre Fillon, Président de l’ACO et de Jean Todt, actuel Président de la FIA et envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la prévention et sécurité routière. Charlène de Monaco est elle-même ambassadrice de la FIA pour la prévention routière.

Ensemble, ils ont foulé le grid walk (la piste) pour aller à la rencontre des différentes équipes engagées, comme le veut la tradition.

Charlène de Monaco en a profité pour échanger quelques mots de soutien et donner une franche accolade aux femmes de l’écurie Kessel Racing.

Elles composent la seule équipe 100% féminine engagée sur ces 24 Heures du Mans dans la catégorie LMGTE Am* et soutenue par la FIA. Cela n’était pas arrivé depuis l’édition 2010 ! (*pour vous y retrouver, vous trouverez à la fin de l’article un descriptif des différentes catégories de voitures 😉

À noter que depuis l’instauration officielle du « Starter » en 1949, deux femmes seulement ont donné le départ de la course : en 1991, la préfète de la Sarthe Hélène Blanc et en 1999, Joan Hall, la ministre du Tourisme d’Afrique du Sud. On espère que sur les prochaines éditions, d’autres femmes prononceront la célèbre phrase « Pilotes, démarrez vos moteurs ! »

Une team 100% féminine

Manuela GOSTNER (ITA) Rahel FREY (CHE) Michelle GATTING (DNK)
© JEAN-PIERRE ESPITALIER (ACO)

Cette année tous les yeux étaient braqués sur le numéro 83, une Ferrari 488 GT3 de l’écurie Kessel Racing, qui concourt dans la catégorie LMGTE Am.

À bord, les 3 pilotes femmes : Manuela Gostner, Rahel Frey et Michelle Gatting (25 ans, la plus jeune des trois pilotes).

L’Italienne, la Suissesse et la Danoise sont coachées par la Française Deborah Mayer, elle-même pilote et femme d’affaires à l’initiative de ce projet.

« Ça n’a pas toujours été facile de trouver des sponsors mais nous y sommes arrivées et nous sommes très fières d’être présentes au Mans…Le Mans, c’est la course la plus mythique de toutes, celle que tous les pilotes passionnés rêvent de faire! » a confié Deborah Mayer, interviewée par France Bleu Maine.

© Michel JAMIN (ACO)

Rahel Frey a déjà roulé au Mans lors de l’édition de 2010 au volant d’une Ford GT1 de l’équipe Bartek. Elle n’avait malheureusement pas pu terminer la course. Pour les deux autres pilotes, Manuela Gostner et Michelle Gatting, c’est une première.

« Pour nous, en tant que femmes, … c’est un honneur de courir au Mans. Nous sommes très fières d’avoir été sélectionnées. » a déclaré Rahel Frey à France Bleue Maine.

Avec émotion, Michelle Gatting, a indiqué à RTL « Quand nous avons appris que nous allions faire les 24 Heures du Mans nous avons pleuré. C’est un rêve qui se réalise ! »

Instagram @manuelagostner

Au total, 59 femmes pilotes ont pris le départ des 24 Heures du Mans depuis la création de la course, en 1923. Sur les 4 237 équipages à s’être lancés dans l’aventure, seuls 21 étaient 100% féminins. Manuela, Rahel et Michelle sont le 22ème. Elles sont fait une course remarquable et se sont classées 41ème. Bravo les filles vous avez assuré !

À lire : itw croisée des 3 pilotes femmes de Kessel Racing

Femme et commissaire de piste

Reconnaissables à leur combinaison orange, les commissaires ont un rôle essentiel, sans eux, la course ne peut avoir lieu. Ils sont formés par l’Automobile Club de l’Ouest et reçoivent leurs consignes de la part des chefs de poste. Cette année, parmi les 1656 commissaires de piste qui officient aux 24 Heures du Mans, on compte 171 femmes.

J’ai rencontré l’une d’entre elles, Christelle Clipet, commissaire au virage 3 sous le Dunlop. C’est la quatrième fois qu’elle est commissaire, sur les 3 éditions précédentes, elle était en poste à la 1ère chicane, au niveau de la ligne droite des hunaudières…là où ça va très très vite !

Née dans la Sarthe, elle a fait ses études au Mans et travaille à Paris. Christelle a commencé comme bénévole secouriste pour diverses associations dont, au début des années 90, pour La Croix Rouge, dans le cadre des 24 Heures du Mans. Lorsque ses deux enfants ont été en âge de l’accompagner sur les circuits, elle a décidé de revenir mais cette fois en tant que commissaire de piste pour être au cœur de la course !

« Nous sommes tous bénévoles ! La passion de l’automobile nous unit. Il y a une très bonne ambiance entre tous les commissaires et c’est toujours chouette de se retrouver.

Quelque soit le poste que j’ai occupé, mes confrères commissaires masculins m’ont toujours super bien accueillie, respectée et apporté leur aide quand j’ai en ai eu besoin. C’est un milieu encore très masculin c’est vrai mais l’entente est très cordiale, c’est très convivial, il y a de la solidarité entre nous et un bel esprit d’équipe.

Nous sommes beaucoup de Sarthois ou de départements voisins mais certains viennent parfois de loin. Cette année, 24 nationalités sont représentées, il y en a qui viennent du Luxembourg, du Mexique et même de la Russie. » Christelle Clipet

Christelle vit et partage sa passion pour le sport automobile en famille. Cela demande un peu d’organisation mais elle n’y renoncerait pour rien !

« J’ai la chance d’avoir mon conjoint qui s’occupe des enfants quand je suis en poste, soit plus de 6 heures par jour. Tout mon entourage me soutient et on partage cela ensemble. C’est un vrai projet de famille ! Je continue à travailler à Paris mais on est venu s’installer au Mans.

Je suis ravie car ma fille est maintenant suffisamment grande pour qu’on puisse faire les courses ensemble de temps en temps, en toute sécurité bien sûr ! Je pense que je lui ai transmis cette passion et qu’elle deviendra à son tour commissaire de piste.

Pour venir aux 24 Heures du Mans, j’ai posé une semaine de congés, ce qui étonne beaucoup mes collègues de travail. Il faut vraiment être passionné pour faire ça ! »

Pour continuer, j’ai demandé à Christelle comment devient-on commissaire de piste ?

« Pour devenir commissaire de piste, on doit suivre une journée de formation. Moi, j’ai fait en plus une année de stage à différents postes dans différentes équipes. Ensuite, on passe un examen pour obtenir une licence. Il y a une épreuve écrite sous forme de QCM puis on nous met en situation pour voir comment on réagirait. Ce diplôme nous permet d’accéder à tous les circuits fermés et rallye.

Un commissaire auto n’est pas automatiquement un commissaire moto mais moi j’ai passé plusieurs licences pour faire les deux. Cela dit, je préfère l’auto. On trouve d’ailleurs plus de femmes commissaires en moto même si elles sont encore minoritaires par rapport aux hommes. »

Ensuite, chaque commissaire doit régulièrement suivre des sessions de formation pour se tenir informé des dernières évolutions techniques automobiles et règlementaires.

Et quel son rôle pendant la course ?

« Notre rôle principal est d’assurer la sécurité des concurrents et de veiller à la protection de chacun d’entre nous. En ce sens, c’est du bénévolat utile.

Pour cela, nous utilisons des drapeaux, comme par exemple le drapeau jaune pour signaler un incident de course. Il est à la discrétion du commissaire car c’est lui qui est sur place et qui se rend le mieux compte de la situation.

Cela permet d’alerter les pilotes sur une zone de danger, ils savent alors qu’ils doivent ralentir et ils ont l’interdiction de doubler. Lorsque le danger est très sérieux, on utilise un drapeau double jaune.

Le drapeau vert signifie la fin de la zone de danger. Les dépassements sont de nouveau autorisés. Le bleu est utilisé pour un dépassement, par exemple quand il est fixe, il indique au pilote qu’il est en train de se faire dépasser et qu’il doit être vigilant. «  Christelle Clipet

La mission de ses anges gardiens de la piste ne s’arrête pas là :

« On intervient aussi en cas d’incident (sortie de piste, véhicule qui prend feu ou immobilisé …), pour remettre la piste en état la piste (enlever un débris qui peut être dangereux pour la sécurité des pilotes, balayer la piste…) ou protéger les équipes médicales si elles doivent intervenir. » Christelle Clipet

En complément des caméras installées sur le circuit, le commissaire est aussi « l’œil de la direction de la course », sorte de juge de fait pour signaler le non respect d’une règle de course par l’un des concurrents. Sur la base de ses observations écrites, des sanctions peuvent être engagées par le pouvoir sportif, à l’encontre du concurrent fautif.

« En tant que commissaire, nous avons aussi un rôle disciplinaire. Il y a des règles de conduite à respecter. Par exemple, un pilote qui dépasse sous un drapeau jaune, on doit le signaler, c’est réglementaire. Ce comportement est sanctionnable et susceptible d’une pénalité. » Christelle Clipet

Alors c’est quoi « une bonne course » quand on est commissaire ? Pour Christelle, c’ est « une osmose entre de bonnes conditions météorologiques et que les deux/trois premiers tours se passent de manière fluide et sans sortie de route. Que la course soit lancée dans de bonnes conditions. »

Cela dit, les commissaires doivent rester vigilants tout au long de la course d’autant plus que les 24 Heures du Mans ont la particularité de mélanger pilotes professionnels et amateurs sur le même circuit. On imagine que cela demande une grande concentration pour surveiller cette cohabitation entre pilotes pro qui roulent en moyenne à 250/300 kms/h et les amateurs qui filent à 215/230 kms/h….avec toujours à l’esprit d’éviter les accidents, parfois spectaculaires, surtout lors des dépassements et quand le trafic devient dense.

En remerciement, après l’arrivée officielle, les pilotes font un tour de piste pour saluer tous ces hommes et ces femmes, sans lesquels il n’y aurait pas de course.

Pour Christelle, quand une course se termine, elle pense déjà à la prochaine :

« À la fin d’une édition des 24h, on parle déjà de la suivante. D’ici là, on sait qu’on va se retrouver début juillet sur les Classic Days et c’est génial ! Puis il y aura les promosports en moto et les 24h Camions. On a besoin de se donner des rendez-vous, c’est essentiel ! »

Pour terminer notre échange, j’ai interrogé Christelle sur ses envies futures :

« Dans mon métier, je travaille en anglais et j’aimerais mettre à profit ma maîtrise de cette langue, associée aux différentes formations juridiques que j’ai suivies, pour évoluer dans le domaine règlementaire. Tout en conciliant cela avec le terrain car j’aurais vraiment du mal à m’éloigner du circuit. J’adore cette odeur de freins, ces bruits de moteur, j’ai en besoin. Pour l’année prochaine, j’envisage aussi Spa toujours en famille ! »

À lire : les commissaires et les drapeaux

La Femme aux clés d’or

À l’image des conciergeries dans les grands hôtels, l’ACO propose des services sur mesure dans le cadre des 24 Heures du Mans. La conciergerie du circuit a été créée il y a 5 ans par Isabelle Ossun et est assurée par sa société, Destination Circuit, en tant que fournisseur officiel de l’ACO.

La conciergerie est née du constat que les équipes logistiques des différentes écuries n’avait pas une connaissance suffisante du Mans et des différentes prestataires, d’autant plus qu’elles viennent ici pour une période très courte.

Le travail commence des mois avant le jour de la course pour préparer l’arrivée des plus grosses équipes dans les meilleures conditions et continue tout au long de la course selon les besoins.

L’idée est d’apporter aux équipes, à leurs invités et aux médias, une solution à toutes leurs problématiques du quotidien. Les équipes peuvent ainsi rester 100% concentrées sur la course et les medias travaillent dans des conditions plus confortables.

Les services proposés concernent principalement l’hébergement, la restauration (petit-déjeuner, lunch…), le transport (location de vélos pour se déplacer dans l’enceinte du circuit, taxis pour rejoindre la gare du Mans, hélicoptères pour survoler le circuit, aller chercher les invités VIP qui arrivent en jet privé…), ou les services de pressing (combinaison de pilote, chemise, pantalon…).

« Nous avons aussi pensé aux femmes de pilotes.  Nous leur organisons des journées shopping, des privatisations de magasins en centre ville, des journées bien-être dans des centres spécialisés, des journées découvertes avec visites du vieux Mans et d’autres lieux de caractère du département »  » précise Isabelle Ossun, Responsable de la conciergerie.

Pas toujours évident de jongler avec toutes ces demandes mais la team d’Isabelle est pleinement mobilisée et arrive toujours à les satisfaire, même les plus originales, grâce à son excellente connaissance des prestataires du Mans et de ses alentours.

Vous aussi vous êtes passionnés par les sports mécaniques ?

Alors, rejoignez le Club ACO pour vivre pleinement le plaisir de l’automobile. Plusieurs formules sont proposées pour bénéficier d’avantages exclusifs sur les évènements du circuit du Mans. Choisissez l’expérience qui vous ressemble en consultant les Offres Club.

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Bravo à la Team Toyota qui a remporté deux fois de suite les 24 Heures du Mans ! Un exploit !

Princess Zaza

* Les différends catégories de voitures aux 24 heures du Mans :

Les prototypes : LM P1 et LM P2 (LM pour Le Mans) sont des voitures uniquement destinées à la course et préparées par des constructeurs ou des écuries privés. Pour les LMP1, la carrosserie est fermée, les pilotes sont professionnels et certaines voitures peuvent être hybrides, ce qui signifie qu’elles intègrent un système de récupération d’énergie. Les LMP2 utilisent toutes le même moteur (un V8 Gibson de 600 CV). Comment les différencier ? les LMP1 portent un numéro sur fond rouge avec des diodes rouges éclairées la nuit sur le flanc de la carrosserie. Les LMP2 ont des diodes bleues et un numéro sur fond bleu.

Les voitures commerciales : LM GTE pro (pour professionnel) et LM GTE Am (pour amateur) ressemblent plus aux voitures commercialisées mais pour les besoins de la course elles peuvent être modifiées. Elles sont plus lourdes et consomment donc plus de carburant. Chez les équipages amateurs, deux des pilotes doivent présenter des références en course d’Endurance. Comment les reconnaître ? Diodes vertes et numéro sur fond vert pour les LM GTE Pro et orange pour les LM GTE Am.