Pour ce deuxième numéro de « Femmes et Medias », je suis ravie d’accueillir Sonia Dridi, journaliste indépendante, correspondante aux États-Unis, basée à Washington depuis juin 2015.  Elle collabore notamment avec France 24, BFM TV, Europe 1, M6 et RTBF.

Le journalisme (à l’international), une vraie vocation

Pour débuter notre entretien, j’ai demandé à Sonia pour quelles raisons elle avait choisi ce métier ? J’ai tout de suite senti que chez elle, le journalisme était une vocation :

« J’ai toujours voulu être journaliste, c’est une passion ! Très tôt, vers l’âge de 7 ou 8 ans, je me suis rendue compte à travers le quotidien d’une partie de ma famille qui habite en Tunisie, des inégalités frappantes qui existaient dans le monde. J’ai tout de suite voulu raconter cette réalité à mes camarades de classe en France.

Ça a été un vrai déclic pour moi et ça m’a aussi donné envie de parcourir le monde pour voir ce qui se passait dans les autres pays, et ainsi, mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons et mieux comprendre les gens en général.

En grandissant, je me suis aussi mise à regarder de nombreux documentaires qui m’ont beaucoup inspirée. »

À partir de ce moment-là, Sonia met tout en oeuvre, avec intelligence et détermination, pour devenir journaliste :

« J’ai fait l’école de journalisme de Science Po après une année en échange aux États-Unis dans le cadre de la troisième année à Sciences-Po, où j’étudiais déjà en premier cycle. Même si j’étais très intéressée par le Moyen Orient, j’ai choisi de partir à UCLA, l’Université de Californie à Los Angeles, car c’était une grande opportunité de pouvoir étudier un an dans une université américaine.

Cette expérience à Los Angeles en 2005/2006 a été très enrichissante car j’ai pu suivre des cours complètement différents de ceux de Science Po, comme par exemple, African American Studies (un cours consacré à l’histoire et à la culture de la communauté afro-américaine).

J’ai pu m’ouvrir encore plus sur le monde, mieux comprendre la complexité de l’Amérique et commencer à me faire un réseau aux États-Unis. J’ai rencontré beaucoup d’étudiants qui venaient du monde entier et certains sont même restés des amis.

En arrivant à UCLA, j’ai vu qu’il y avait un programme qui permettait à une centaine d’étudiants de passer un trimestre à Washington, j’ai candidaté et j’ai été prise. J’ai alors fait un stage à Voice Of America ! Très vite, j’ai adoré la capitale américaine alors qu’à l’époque (il y a dix ans), c’était encore une ville assez dangereuse et difficile à appréhender.

De retour à Paris, j’ai été acceptée à l’école de journalisme, j’ai très vite intégré BFM TV grâce à un contrat d’apprentissage de deux ans. J’ai commencé en faisant le bandeau (les courtes informations qui défilent au bas de l’écran) puis rapidement, j’ai pu travailler sur des sujets qu’on appelle « desk ».

Je devais construire un sujet à partir d’images qui viennent d’un peu partout dans le monde ou de France, d’archives, d’infographies…Cela m’a permis de mettre en application tout ce que j’avais appris à l’école et d’acquérir les bons réflexes pour vérifier les sources, recouper l’information, choisir les bonnes images et rédiger le commentaire le plus juste.

C’est aussi à cette époque que j’ai fait mes premiers reportages pour la télé française et que j’ai senti que je commençais à vraiment devenir journaliste ! »

C’est véritablement en devenant la correspondante de France 24 en Égypte que sa jeune carrière de journaliste a pris un envol international :

« Comme j’étais très intéressée par l’actualité internationale, pendant que j’étais à BFM, j’ai fait un stage à Reuters en Égypte et, après BFM, je suis partie à France 24.

Au départ je faisais des piges puis je suis passée en CDD, et après deux ans, fin 2010, il y a eu une offre pour partir en Égypte et remplacer leur correspondant. J’ai candidaté, sans me douter bien sûr que la révolution allait éclater deux mois après.

Tout s’est enchaîné très vite : la veille de Noël, j’ai reçu la confirmation que j’étais prise comme correspondante de France 24 en Égypte, le 25 janvier la révolution a éclaté et je suis arrivée là-bas mi février. »

Sur le terrain, au coeur de l’actu, en Égypte

C’est avec passion et émotion que Sonia revient sur ses quatre ans et demi (2011-2015) passés en Égypte, même si les conditions de travail étaient assez dures et le danger bien réel :

« C’était de la folie ! À l’époque j’avais 25 ans et c’était ma première grande expérience de travail à l’étranger. Je ne m’attendais pas du tout à devoir couvrir une telle actualité et pour être honnête, France 24 non plus ! J’ai eu des super chefs qui m’ont fait confiance, et moi, j’ai travaillé non stop !

Je me rappelle encore être arrivée un jeudi soir en Égypte, une semaine après la chute de Moubarak, et quelques heures plus tard, à 7h du matin, je faisais mon premier direct sur la place Tahrir (au centre du Caire) !

À partir de ce moment là, pendant les deux premières années, j’ai passé presque tous mes week-ends sur cette place, j’y étais chaque vendredi, jour de manifestations, dont certaines se sont transformées en affrontements avec les autorités.

J’ai été très marquée par la répression des manifestants par les forces de sécurité lors des évènements de la rue Mohamed Mahmoud, en novembre 2011, qui a fait plus de 40 morts et de nombreux blessés. C’était terrible !

Je me rappelle aussi en octobre 2011, le massacre des coptes, qu’on appelle le massacre de Maspero, du nom de l’immeuble de la télévision devant lequel les gens manifestaient. L’armée leur a foncé dessus avec des blindés. Bilan : 25 morts et des centaines de blessés. J’ai vu ça sur Twitter et comme j’étais à côté sur le terrain, je suis arrivée sur les lieux quelques minutes après ce massacre. Là, j’ai vu des gens à l’air hagard, des mères au visage meurtri. C’était l’incompréhension totale face à une telle horreur.

Au-delà des conditions de travail, du danger bien réel et des scènes assez terrifiantes dont j’ai été témoin, être au plus près du terrain pendant ces années était quelque chose d’extraordinaire et très formateur. C’est le rêve quand on sort d’une école de journalisme ! C’était aussi une grande chance pour ma carrière de pouvoir couvrir une actualité aussi forte ! »

Interview avec Abdel Fattah al-Sissi

Mais alors, quand on est une femme, est-ce plus difficile d’exercer son métier de journaliste dans des zones en conflit ? Sur ce point, Sonia est très affirmative :

 » Non, je ne pense pas. Ce n’est pas plus difficile pour une femme que pour un homme, d’autant plus qu’aujourd’hui il existe des formations pour se préparer. Mais c’est vrai que c’est toujours plus difficile d’exercer dans des territoires en conflit, qui sont de fait des zones instables, où à tout moment, tout peut basculer.

Évidemment dans les zones en conflit, les femmes peuvent être exposées à plus de dangers, comme des risques de harcèlement sexuel ou de viol mais je trouve qu’il est important qu’il y ait des femmes journalistes qui partent dans ces zones en conflit car une femme peut parfois arriver à obtenir plus d’informations qu’un homme, peut-être parce-qu’on est moins méfiant avec une journaliste femme, voire intrigué.

Autre point, les femmes sont peut-être intéressées par d’autres angles qu’un journaliste homme ne va pas forcément traiter, et avoir des témoignages de femmes qui vont plus facilement leur raconter leur histoire. En zone de conflit ou de guerre, le regard d’une femme journaliste ou photo-journaliste est essentiel !

Sur le terrain, en plein manifestation « March For Our Lives » en mars 2018, en réaction à la fusillade de Parkland et pour un contrôle accru des armes à feu aux États-Unis

Là j’ai forcément eu une pensée pour Marie Colvin, cette brillante journaliste américaine, spécialiste du monde arabe, morte dans un bombardement en Syrie en 2012. D’ailleurs, je vous recommande vivement de regarder A Private War, un film documentaire qui lui est dédié, j’ai adoré !

Sonia n’a pas encore eu le temps de le voir mais bien évidemment elle en a beaucoup entendu parler :

 » C’est une femme que j’admire et qui était passionnée par son métier, quitte à prendre parfois de très grands risques. Ce que je respecte aussi beaucoup dans son travail, c’est cette recherche permanente de vérité.

D’une manière générale, j’ai beaucoup d’admiration pour toutes ces femmes qui vont sur le terrain, au contact des populations pour recueillir leurs témoignages. »

Au-delà des zones en conflit, quand on évoque la place des femmes dans les medias en France, Sonia pense qu’il y a encore des progrès à faire :

 » En France, et même si cela a évolué, il faut souvent attendre longtemps pour avoir un poste de correspondant dans une rédaction. C’est pourquoi je suis partie de suite à l’étranger, je voulais faire du terrain, traiter des sujets qui me passionnaient, sans attendre des années.

Je trouve que dans les directions de nombreux medias, il y a encore beaucoup plus d’hommes que de femmes, on rencontre encore souvent du sexisme et il faut être tenace pour se faire une place surtout, sur des terrains qui intéressent parfois nos collègues hommes.

Cela dit les choses changent et c’est tant mieux ! On l’a vu avec le collectif Prenons la une (Association de femmes journalistes pour une juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité professionnelle dans les rédactions) qui a organisé les premiers états-généraux des femmes journalistes en avril dernier à Paris. »

Avec Pete Souza, l’ex photographe de Barack Obama
En itw avec Pete Souza, l’ex photographe de Barack Obama

À cette époque, en complément du traitement des news, Sonia, en tant que journaliste indépendante, s’exerce aussi au documentaire et en réalise deux : le premier en 2012 pour France Ô, « Tahrir, un an après », où elle a suivi 4 activistes après la révolution et le deuxième en 2013, pour France 24 « Harcèlement sexuel, le mal égyptien« . Elle y prend goût et y reviendra par la suite.

Après l’Égypte, direction les États-Unis

Revenons en au parcours de Sonia qui après quatre ans et demi passé en Égypte est partie pour les États-Unis :

« Après l’arrivée au pouvoir de Sisi en 2014, j’ai ressenti le besoin de changer de rythme car j’avais beaucoup beaucoup travaillé pendant toutes ces années en Égypte et je souhaitais aussi me renouveler.

De toutes façons avec le retour de la dictature, on est revenu à un État policier où tout était verrouillé et cela devenait très compliqué d’exercer son métier de journaliste.

C’était donc le bon moment pour bouger. Pour des raisons personnelles et par rapport à mes expériences vécues dans le cadre des mes études, je suis partie aux États-Unis. »

Là aussi, le timing a joué en faveur de Sonia puisqu’elle arrive aux États-Unis deux semaines avant que Donald Trump annonce sa candidature. Une nouvelle fois, elle se retrouve au coeur d’une actualité forte :

« Là, à peine arrivée en tant que correspondante numéro 2 pour France 24 et correspondante d’M6, BFM m’a contactée pour me proposer d’être leur numéro 2 à Washington, et dans la foulée Radio France et Europe 1 !

J’ai donc commencé à couvrir cette campagne présidentielle américaine pour plusieurs medias et évidemment, c’était génial ! « 

Curieuse de son quotidien, j’ai voulu savoir ce qui fait la spécificité d’un correspondant à l’étranger par rapport à un journaliste appartenant à une rédaction dans son pays ?  :

 » C’est très différent, aucune journée ne se ressemble et il faut énormément d’énergie. Il faut être sur plusieurs fronts en même temps et se tenir informé en permanence, bien évidemment en lisant les journaux, en regardant les télés, en suivant ce qui se dit sur les réseaux sociaux et notamment Twitter.

En tant que journaliste indépendante, il faut aussi beaucoup pitcher c’est-à-dire soumettre des idées de reportages aux medias, en plus du fait que souvent eux-mêmes m’appellent pour des directs ou des papiers.

Il est aussi très important de se créer, développer et entretenir son réseau de contacts : des experts, des politiciens, des confrères/consoeurs….

Il faut aussi être prêt à travailler à toute heure du jour et de la nuit, week-end compris. Être correspondant à l’étranger, c’est plus qu’une manière de travailler, c’est un mode de vie !« 

Interview avec le Sénateur Dick Durbin

À la question de savoir quelle est l’ambiance avec les autres correspondants français, Sonia me répond :

« Oui, je côtoie assez régulièrement les journalistes français et francophones basés à Washington (environ 20 personnes), il y a une bonne entente entre nous et même une certaine solidarité ! »

Retour sur le Dîner des Correspondants de la Maison Blanche

Pour continuer la conversation, j’ai demandé à Sonia de me raconter comment s’est déroulé son Dîner des Correspondants de la Maison Blanche, auquel elle a participé pour la première fois le 28 avril dernier.

Ce dîner organisé par l’Association des Correspondants de la Maison Blanche, est une tradition nationale depuis 1924, où il est d’usage qu’un humoriste anime la soirée avec un discours en se moquant du président. Parfois, c’est le président lui-même qui se livre à un numéro d’autodérision. Mais cette année, c’était un peu différent :

« J’avais très envie d’y assister depuis mon arrivée aux États-Unis car c’est un peu LA soirée de l’année à Washington, c’est un dîner très convoité et il n’est pas toujours facile d’avoir une table. Ces dernières années, il y avait aussi un côté très people qui n’existait pas au départ.

C’était le cas sous Obama où de nombreuses stars d’Hollywood étaient présentes mais cette année, c’était différent, déjà dans la mesure où Trump refuse d’assister au dîner (il avait même demandé à son administration de le boycotter), et aussi car pour la première fois, il n’y avait pas d’humoriste, il a été remplacé par l’historien Ron Chernow, auteur d’une biographie de George Washington.

Il a fait un discours intelligent, très instructif et rempli d’humour sur « l’importance d’une presse libre et indépendante », en revenant sur les relations entre les présidents et la presse. Je l’ai vraiment trouvé excellent..so witty !

Au final, même si cette année la soirée était moins glamour, je trouve qu’elle remplissait plus son rôle de défense du 1er amendement de la Constitution américaine sur la liberté de la presse, le rôle et la place du journaliste.

J’ai juste été un peu déçue que Trump n’y participe pas car sans Président, ce dîner perd un peu de son sens. Mais ça reste un évènement intéressant auquel participer pour une correspondante étrangère. J’ai été dire bonjour à Madeleine Albright, c’est vraiment un dîner typique pour la « bulle » qu’est Washington.

Observatrice d’une société internationale qui évolue

Il n’y a pas qu’au Dîner des Correspondants de la Maison Blanche que les temps changent comme en témoignent l’élection début avril de Lori Lightfoot, une femme noire et lesbienne, au poste de maire de Chicago, la montée de Pete Buttigieg, le candidat gay à la présidence ou l’arrivée de la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, devenue à 29 ans la plus jeune représentante du Congrès américain, désignée par le TIME parmi les 100 personnalités de l’année.

Dans un pays où les inégalités sociales et raciales sont encore très marquées (ce que Sonia m’a confirmé), ces actualités donnent vraiment l’impression d’un changement de société. J’ai demandé à Sonia ce qu’elle en pensait ?

« C’est vrai qu’aux États-Unis les inégalités sociales et raciales sont encore très marquées, c’est quelque chose qui me choque vraiment beaucoup. Il y a encore des quartiers noirs très pauvres, d’autres quartiers blancs très riches…Et on s’en rend encore plus compte quand on voyage dans le pays. Il y a des quartiers totalement laissés à l’abandon.

Par contre, un aspect positif de l’élection de Trump c’est que ça a réveillé la société américaine, il y a beaucoup plus d’activisme aujourd’hui, beaucoup plus de jeunes qui s’intéressent à ce qui se passe dans le pays, qui participent à des manifestations.

Oui, on sent que les temps changent et l’élection de Lori Lightfoot, la montée de Pete Buttigieg et l’arrivée d’Alexandria Ocasio-Cortez au Congrès américain en sont trois exemples. Ces politiques ressemblent plus à l’Amérique d’aujourd’hui qui ose s’élever avec courage et conviction contre l’establishment et ses codes.

Dans le documentaire sorti début mai sur Netflix,  » Knock Down The House », qui retrace le parcours de 4 femmes issues du peuple, candidates démocrates au Congrès Américain et montre la victoire d’ Alexandria Ocasio-Cortez, on voit bien cette évolution dans la société américaine et cet élan des femmes à se lancer en politique alors qu’elles ne l’avaient jamais imaginé.

D’ailleurs, j’adorerai interviewer Alexandria Ocasio-Cortez. Je me demande même si Trump n’a pas une once d’admiration pour cette jeune femme qui a cassé tous les codes de l’establishment.

Je crois qu’au fond de lui il doit être très intrigué par elle. Je pense que si elle avait l’âge pour se présenter à la présidence, elle aurait eu toutes les chances de remporter l’investiture démocrate ! « 

Il n’y a d’ailleurs pas qu’aux États-Unis que les choses semblent bouger, c’est aussi le cas au Soudan. Vous vous souvenez peut-être de l’image de cette jeune manifestante de 22 ans, Alaa Salah, vêtue de blanc qui a fait le tour du monde via les réseaux sociaux.

Cette étudiante en ingénierie et architecture est devenue l’icône du mouvement populaire au Soudan contre le régime corrompu et tyrannique du dictateur Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trois décennies.

Mais alors, peut-on dire que les femmes sont l’avenir du Soudan et plus généralement de l’Afrique ? Vaste question à laquelle Sonia m’a apporté son point de vue :

« J’ai trouvé l’acte de cette jeune femme très émouvant et courageux. Cela m’a aussi intéressé en tant qu’observatrice de la société, car depuis l’Égypte, je suis de près les femmes activistes, notamment dans ces pays aux régimes autoritaires, où le rôle de la femme n’est pas forcément d’être dans la rue. Pour moi, c’était fascinant de voir cette jeune femme se soulever contre le régime et faire face à la foule pour encourager au soulèvement.

C’est une question très vaste qui mérite d’être développée mais je pense que oui les femmes sont l’avenir du Soudan et plus généralement de l’Afrique.

On voit qu’elles n’ont plus froid aux yeux, elles voient ce qu’il s’est passé dans le monde, en Tunisie, en Égypte et cela les a peut-être davantage encouragées à descendre dans la rue pour faire entendre leur voix et défendre leurs droits. À cela s’ajoute le fait qu’elles s’appuient sur les réseaux sociaux pour faire passer leurs messages avec souvent un formidable élan de solidarité entre elles qui favorise le développement de l’activisme des femmes. »

Si on revient aux États-Unis, Sonia m’a confié qu’elle avait bien aimé le livre Devenir de Michelle Obama. Pour autant, elle ne pense qu’elle va se présenter à la prochaine présidence américaine :

 » J’ai trouvé le livre de Michelle Obama très intéressant. Au-delà du côté commercial et business, je pense qu’elle avait vraiment des choses à dire et on découvre une certaine Amérique à travers son regard. Elle s’est quand même retrouvée dans des positions difficiles en tant que femme à la Maison Blanche, à être critiquée d’un coup par toute une partie du pays qui ne l’acceptait pas en tant que Première Dame afro-américaine et a dû faire face à ces critiques.

Au final, elle a réussi à s’imposer, par exemple avec ses programmes pertinents contre l’obésité et pour l’éducation des jeunes filles dans le monde « Let Girls Learn ». Elle a révélé au fur et à mesure son charisme, qui était évident lors de ses discours pendant la campagne de Hillary Clinton. C’était certainement important pour elle de raconter son histoire de femme afro-américaine venant d’un milieu pauvre de Chicago qui a réussi à s’élever et réaliser un parcours incroyable. Ici, elle reste un modèle pour de nombreuses femmes américaines.

Et non, je ne pense vraiment pas qu’elle va se lancer dans la prochaine campagne présidentielle et sinon elle se serait déjà manifestée !

Cela dit, cela pourrait bien être un démocrate qui remporte la présidentielle car toute une partie des démocrates, qui n’ont pas été voter en 2016 parce-qu’ils n’étaient pas inspirés par la candidature d’Hillary Clinton, iront certainement voter en 2020, ce sera une élection contre Donald Trump, et si la mobilisation est très importante, ils peuvent l’emporter.

Reste après la question du collège électoral au sein duquel les Républicains ont beaucoup de représentants dans certains États déterminants. Il faut donc rester prudent, Trump reste très soutenu dans son camps mais je pense que les démocrates ont une bonne chance de l’emporter avec des candidats plus populaires que ne l’était Hillary Clinton à l’époque. »

Pour terminer cet échange passionnant, j’ai demandé à Sonia si elle pouvait me parler de ses projets :

« Ce qui m’intéresse actuellement, en plus de traiter les news pour différents médias, c’est de continuer à travailler sur des longs formats, en « producing » sur des documentaires depuis les États-Unis.

C’est-à-dire que je cherche et contacte les personnes à interviewer, je fais des interviews, j’ai déjà travaillé sur plusieurs documentaires diffusés sur France 5, France 3, Arte...et j’ai d’autres collaborations en cours.

Cela me permet aussi d’aborder d’autres sujets qui me tiennent à coeur, notamment en lien avec le Moyen Orient et de rencontrer des personnes différentes de celles que je rencontre lorsque je traite les news. C’est tout aussi passionnant et enrichissant ! « 

Récemment Sonia a par exemple interviewé le Général Michael Hayden, ancien Directeur de la CIA et NSA, pour un documentaire sur les cybercriminels russes, diffusé sur Arte le 7 mai.

Un grand MERCI Sonia pour cet échange passionnant et Bravo pour votre brillant parcours !

Je vous souhaite une bonne continuation.

Suivez l’actualité aux Etats-Unis grâce à Sonia via son Twitter : @SoniaDridi.

Princess Zaza