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Fort de son succès avec plus de 200 000 visiteurs, l’Institut du Monde Arabe prolonge jusqu’au 6 mars l’exposition « Osiris, mystères engloutis d’Égypte » qui dévoile près de 300 objets de l’Égypte antique.

Ce trésor unique dévoilé au public est la résultat de sept années de fouilles sous-marines menées dans les années 90 par l’archéologue Franck Goddio en mer Méditerranée, auquel s’ajoutent une quarantaine de chefs-d’œuvre des musées du Caire et d’Alexandrie.

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Stèle de Thonis-Héracléion
Statue en bronze d'un pharaon, Thônis-Héracléion, baie d'Aboukir, Égypte Statue de pharaon d'un très beau modelé, découverte dans la zone sud-ouest du temple d'Amon à Thônis-Héracléion. Le roi, dans l'attitude de la marche, tenait un bâton de la main droite. Il pourrait s'agir soit d'un roi de la 30e dynastie, soit d'après la gravure du cartouche sur la ceinture, corrodée et difficilement lisible, de Psammétique II (595-589 av. J.-C.) de la 26e dynastie. © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
Statue en bronze d’un pharaon, Thônis-Héracléion, baie d’Aboukir, Égypte
Divinités osiriennes posées sur les fonds sous-marin de la baie d’Aboukir. Statuettes en bronze découvertes sur le site de Thonis-Héracléion, Égypte, VIe – IIe s. av. J.-C. (Mise en scène). Photo: Christoph Gerigk ©Franck Goddio/Hilti Foundation
Divinités osiriennes posées sur les fonds sous-marin de la baie d’Aboukir. Statuettes en bronze découvertes sur le site de Thonis-Héracléion, Égypte, VIe – IIe s. av. J.-C. (Mise en scène).
Fragment du Naos des Décades, (Nectanébo Ier, 30e dynastie (380 à 362 av. J.-C.), Canope, baie d'Aboukir, Égypte Les plongeurs de l'Institut européen d'archéologie sous-marine (IEASM) ont découvert les parties manquantes du Naos des Décades, véritable puzzle archéologique, reconstitué sur une durée de deux siècles : le toit est au musée du Louvre depuis le XIXe siècle, le socle et la paroi postérieure ont été découverts en 1940 en baie d'Aboukir, et les parois latérales ont été trouvées par l'IEASM en 1999. Ce monument unique fait le lien entre l'observation de la position des étoiles et des constellations dans le ciel et leurs possibles influences bénéfiques ou maléfiques. Le calendrier égyptien divisait l'année en 36 phases de 10 jours ou décades, la 37e ne comportant que les 5 jours nécessaires pour compléter l'année de 365 jours. Le respect du calendrier et l'observation des constellations-décans, qui permettaient de déterminer les heures de nuit, constituaient un des aspects essentiels de la célébration de tout rituel qui s'effectuait à des heures précises. © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
Fragment du Naos des Décades, (Nectanébo Ier, 30e dynastie (380 à 362 av. J.-C.), Canope, baie d’Aboukir, Égypte

Tout au long du parcours, vous découvrirez de nombreuses statuettes et amulettes largement inspirées du mythe d’Osiris, fils de la Terre et du Ciel, tué par son frère Seth qui démembra son corps en 14 morceaux avant de le jeter dans le Nil. Isis, soeur-épouse d’Osiris, remembra son corps grâce à ses pouvoirs divins, avant de lui rendre la vie et de concevoir leurs fils : Horus. Osiris devint alors le Maître de l’Au-delà et Horus, victorieux de Seth, eût l’Égypte en héritage.

Cette cérémonie des « Mystères d’Osiris » est le fil rouge de l’exposition. Une occasion d’en apprendre davantage sur un des grands mythes fondateurs de la civilisation égyptienne qui consistaient à organiser des fêtes rituelles chaque année pour célébrer la résurrection du Dieu Osiris. L’équilibre du monde était alors maintenu grâce au processus de création sans cesse régénéré.

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Momie d'Osiris Sokaris, Musée égyptien du Caire Statuette d'Osiris emmaillotée. Durant les mystères, deux statuettes d'Osiris étaient fabriquées : l'une d'Osiris dite végétante, constituée de limon et de grains mis à germer, illustrant ainsi le renouveau de la nature ; l'autre faite de limon, de résines et de pierres précieuses broyées, dite d'Osiris Sokaris. Les deux statuettes étaient emmaillotées selon tous les rituels requis, et déposées durant un an dans un tombeau provisoire avant d'être mises dans leur tombeau définitif à l'issue des mystères de l'année suivante. La tête de faucon du couvercle du petit sarcophage semble indiquer qu'il s'agit là d'un Osiris Sokaris. © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
Momie d’Osiris Sokaris, Musée égyptien du Caire
Le réveil d'Osiris, Musée égyptien du Caire La magnifique sculpture en gneiss (pierre similaire au granit) de couleur chaude date de la 26e dynastie. Elle montre le redressement du dieu revenant à la vie. Son visage d'une intemporelle beauté exprime la sérénité et toute la certitude d'une jeunesse renouvellée. Il est coiffé d'une couronne dite « tchéni » (mot qui signifie « soulever », « exhausser »), coiffure souvent en rapport avec le soleil levant. Les matières qui la composent (or, electrum, bronze) évoquent les radiations de l'astre solaire : Osiris est devenu Rê. © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
Le réveil d’Osiris, Musée égyptien du Caire

Les recherches sous-marines ont aussi permis de retrouver les instruments, lampes à huile et objets de culte, qui servaient aux cérémonies secrètes des mystères, au cours desquelles les prêtres instruisaient les pharaons.

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Pectoral de la 22e dynastie, trouvé à Tanis dans la tombe du pharaon Chechong II (env. 890 av J.-C.), Musée égyptien du Caire Ce bijou avait appartenu à Chechonq I (945-925 av. J.-C.), comme l'indique l'inscription gravée sur la plaque d'or sous la barque, du côté gauche. Le pendentif représente la barque solaire, voguant sur les eaux primordiales au-dessous d'un ciel étoilé. Le soleil de lapis-lazuli, protégé par les ailes déployées d'Isis et Nephtys, est gravé et montre la déesse de la vérité et de l'ordre cosmique (Maât) faisant adoration à Amon-Rê. © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
Pectoral de la 22e dynastie, trouvé à Tanis dans la tombe du pharaon. Chechong II (env. 890 av J.-C.), Musée égyptien du Caire
La déesse Thouéris, Musée égyptien du Caire Cette statue en grauwacke, d’un poli remarquable, date de la 26e dynastie (664-525 av. J.-C.). Elle figure la déesse sous forme d’un hippopotame debout, à pattes de lion ; ses mamelles pendantes et son ventre arrondi symbolisent la maternité et la fécondité. Elle était la déesse vivant dans le Nil, assimilée au limon noir fertilisant les terres. Une invocation aux déesses Thouéris (qui signifie « la Grande ») et Réret (qui signifie « la Truie », autre nom d’Isis, la sœur-épouse d’Osiris) est gravée sur le socle. La constellation de Réret était représentée sous forme d’hippopotame tenant la jambe d’un taureau (notre grande ourse) appartenant à Seth. Le meurtrier d’Osiris était ainsi empêché de nuire à son frère. Sur le pilier dorsal, il est demandé à la déesse de protéger Nitocris, la fille du pharaon Psammétique Ier. Les deux pattes antérieures de la déesse sont d'ailleurs chacune posée sur un grand hiéroglyphe représenté en trois dimensions, dont le sens est « protection ». © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
La déesse Thouéris, Musée égyptien du Caire
Oeil d'Horus dit « oudjat », époque ptolémaique, Thônis-Héracléion, baie d'Aboukir, Égypte Cette amulette pendentif est l'image de l'oeil du dieu faucon Horus, fils d'Osiris qui fut blessé par son oncle le dieu Seth et guéri grâce aux pouvoirs du dieu Ibis Thot. L'oudjat, ou’oeil complet, est aussi le symbole de la pleine lune dont le disque s'est reconstitué progressivement en 14 jours, et celui de la restitution de l'intégrité du corps d'Osiris qui avait été morcelé en quatorze parties (comme les 14 jours de la lune montante). L'oeil d'Horus, symbole de la guérison des blessures et de l'intégrité corporelle, était une amulette extrêmement populaire et répandue. © Franck Goddio/Hilti Foundation, photo : Christoph Gerigk
Oeil d’Horus dit « oudjat », époque ptolémaique, Thônis-Héracléion, baie d’Aboukir, Égypte

Ce qui est assez incroyables c’est que toutes ces pièces sont restées quasi intactes !

« Les villes ont été submergées à cause d’événements cataclysmiques : tremblements de terre, raz-de-marée, effondrement des terrains qui ont permis à la mer de recouvrir ces sites. Les objets ont été recouverts de sédiments et ont été en partie protégés de la mer » explique l’archéologue Franck Goddio.

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À gauche : Statue en bronze d’un pharaon, Thônis-Héracléion, baie d’Aboukir, Égypte À droite : Dieu Bès. Terre cuite. Époque ptolémaique, probablement IIIe ou IIe siècle av. J.-C., Thônis-Héracléion, Baie d’Aboukir, Égypte

Cette exposition de trésors antiques revêt une importance d’autant plus grande qu’au même moment, de l’autre côté de la Méditerranée, des villes entières sont détruites et leurs vestiges millénaires régulièrement pillés. Préserver un patrimoine constitue un enjeu essentiel pour expliquer le passé, comprendre le présent et imaginer le futur.

« Partout dans les pays arabes, des objets antiques sont détruits. Nous, nous voulons dire non ! Il faut prendre soin du patrimoine mondial parce qu’en réalité, il ne s’agit pas uniquement de notre patrimoine, mais de celui du monde entier. » souligne l’archéologue égyptien Mohammed Abdelmaguid, directeur du département central des antiquités sous-marines.

Pour compléter cet article, découvrez également une interview de Franck Goddio, commissaire de l’exposition « Osiris, Mystères engloutis d’Égypte ».

Informations pratiques :

Osiris, mystères engloutis d’Egypte
Institut du Monde Arabe
Jusqu’au 6 mars 2016
Horaires : mardi à jeudi 10h à 19h, vendredi jusqu’à 21 h 30, samedi et dimanche jusqu’à 20 h
Tarif : normal 15,50€, 10,50 :  12-25 ans, demandeurs d’emploi, RSA, gratuit pour les moins de 12 ans

À la sortie de l’exposition vous découvrirez également un social wall avec les différents partages et interactions sur les réseaux sociaux avec #OsirisExpo.

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