Pour ce 3ème numéro de « Femmes et Medias », je suis ravie d’accueillir France Pierron, une journaliste sportive à talons hauts, comme elle se définit elle-même dans la bio de ses réseaux sociaux.
Après des études en management sportif, France a fait ses débuts au service de communication du Toulouse Football Club (TFC), sur la télé du club, en tant que speakerine au Stadium pendant les matchs, et comme webmaster de leur site internet.
Elle a appris le métier de journaliste sur le tas, sans faire de formation. Depuis plus de 10 ans maintenant, elle est journaliste à L’Équipe et aussi animatrice phare de la chaîne L’Équipe.
Pour moi, elle est une journaliste « tout terrain » : à l’aise en plateau aussi bien que sur les réseaux sociaux, pour parler de foot comme de n’importe quel sport…Elle est aussi connue pour sa passion pour les talons hauts !
Pour France, le journalisme est plus « un concours de circonstances » qu’une réelle vocation. Elle m’a expliqué qu’elle ne l’a pas vraiment choisi mais en suivant son parcours, avec passion et détermination, il est venu naturellement à elle et elle en a fait son métier.
Par contre, quand on parle sport alors là, sa réponse est sans évoque : » Le sport en revanche, je l’ai choisi ! Depuis toute petite je le pratique, je le consomme, j’adore ça, je teste tout, j’adore l’émotion qu’il peut procurer, que ce soit devant ma TV, dans les tribunes, ou sur le terrain, c’est universel ! »
Pour trouver sa voie et construire son parcours, pas vraiment de « rôle modèle » mais plutôt un programme sportif à la télé qu’elle ne manquait jamais : « J’ai toujours adoré l’émission « Tout le sport », c’était ma petite dose de sport tous les soirs, et à l’époque c’était Céline Géraud qui présentait, donc forcément je l’ai beaucoup regardée. »
C’est en 2008, que France rejoint la rédaction de L’Équipe. Dans un milieu encore assez masculin, j’étais curieuse de savoir quel accueil lui avaient réservé ses homologues masculins lors de son arrivée et comment elle avait réussi à faire sa place ? « Pas d’accueil particulier lié à mon sexe, si ce n’est celui d’une équipe rodée face à une nouvelle recrue : fais tes preuves ! Alors oui au début on tâtonne, on fait des erreurs, mais on progresse, on travaille, et on fait sa place. Je ne crois pas que le fait d’être une fille m’a aidée ou handicapée, je pense plutôt que c’est ma personnalité qui m’a facilité la tâche : le sourire, la bonne humeur, l’enthousiasme, l’autodérision…«
Et avec les sportifs masculins, comment ça s’est passé ? « Aucun problème ! À mes débuts, je ne passais pas inaperçue. Sur une conf de presse de 30 mecs, on va tendre le micro à la nana, pour voir… sur une zone mixte avec 10 mecs, le sportif était plus attentif à la présence d’une fille. Et si en plus c’est une grande blonde à talons, forcément ça intrigue. Donc j’avais intérêt à assurer si je ne voulais pas être cataloguée pour tout le reste de l’année… »
Dans ce milieu du journalisme sportif, on croise quand même de plus en plus de femmes et l’ambiance entre elles semble être très bonne enfant : » Je suis très copine avec toutes mes anciennes collègues, celles qui sont passées par l’Équipe, ou celles que je côtoie régulièrement toute la saison. Franchement on a dépassé le stade de l’entraide et de la solidarité, on ne parle quasiment pas boulot quand on se voit autour d’un verre, on ne compare pas nos carrières. Comme avec un collègue masculin finalement, on ne fait pas de différence…«
Quant à son quotidien, pas une journée ne se ressemble ! « Je n’ai pas de journée type. Comme je ne fais jamais la même chose, chaque jour est différent. Par exemple, un week-end passé, j’étais « bord terrain » sur de la boxe, ou du hand, pour recueillir des interviews et réaliser des plateaux. Et ensuite, je suis en plateau, pour encadrer une course de vélo, avec un avant-course, un après-course, un debrief…Mais avant chaque « live » la routine est la même, on bosse son sujet un bon moment pour le maîtriser au maximum, on fait des recherches sur internet, on prépare ses questions, ses thèmes, on prépare un « conducteur » de l’émission, et on file au maquillage, puis en régie se faire équiper du matériel (micro/oreillette/engueuloir), avant de passer en plateau. Et place au direct ! »
Passionnée de chaussures, elle se définit elle-même comme une « journaliste sportive à talons hauts » et a lancé le hashtag #shoesofzeday. Je lui ai demandé s’il fallait y voir une revendication féministe ? » Pas forcément une revendication, mais plutôt le reflet de ma personnalité : ce n’est pas parce que je bosse dans le sport, que je dois virer mes talons et traîner en jeans baskets, pour rentrer dans le moule, et surtout ne pas faire de vagues. Au contraire ! Je suis féminine, j’adore les robes et les chaussures, et je devrais l’effacer sous peine de ne pas être prise au sérieux ? Non désolée, moi je prends le risque, et je trouve que je m’en sors pas mal. J’aime bien le contrepied 😉 et je suis encore loin des journalistes italiennes…«
Mais alors, France Pierron ne porterait donc t’elle jamais de baskets ? « Je me force à rester à plat dès que je peux car sinon mes pieds vont souffrir avec l’âge… 😊 Mais on est d’accord, non ? Il n’y a rien de plus beau qu’une jolie paires de talons, ça change tout, le look, l’assurance, la confiance en soin, la taille, la prestance… »
Comme moi, vous vous demandez peut-être combien elle a de paires ? Je lui ai posé la question pour vous : « Je n’en sais rien, j’ai arrêté de compter, et depuis peu j’ai une règle : une paire qui rentre, une paire qui sort. Sinon on ne s’en sort pas, et de toutes façons on porte toujours les mêmes… Je préfère les escarpins, j’en ai une paire BLEU/BLANC/ROUGE à 2 étoiles, édition limitée après la victoire en coupe du monde signée Sy&Me, celle-ci elle fait des ravages ! »
Et quand je lui demande si elle est plus #shoesofzeday ou #meufdefoot ? Elle me répond du tac au tac : « #shoesofzeday ! #meufdefoot c’est Emilie, je peux pas la battre sur ce terrain 😊 et puis moi, je ne fais pas que du foot, ce serait plutôt #meufdesport . Ou alors #meufdesportàtalons C’est déjà pris ? «
Nous sommes actuellement en pleine Coupe du Monde de Foot Féminine, on sent un vrai engouement autour de l’équipe de France et à chaque match, on constate que les audiences explosent. J’ai voulu savoir comment France l’explique ? » Et ce ne sont que les matchs de poule, j’ai hâte de voir les 8è, les quarts, et la suite (j’espère !). J’étais au match d’ouverture au Parc des Princes, l’ambiance était dingue, c’était vraiment impressionnant, toutes ces familles en tribune, ces gosses, ces femmes… c’était tellement inhabituel ! les chants en tribune avec des voix aigües, on n’est franchement pas habitué ! Comment l’expliquer ? Mais c’est LA COUPE DU MONDE, et c’est chez nous ! Ce n’est arrivé que 3 fois dans l’histoire de ce sport, dans les années 40 (aucun souvenir 😊 ), en 98 on se souvient du résultat, et cette année c’est au tour des femmes, c’est énorme ! Tous les matchs ne se valent pas en terme de qualité, mais franchement c’est un vrai spectacle, on a vu de très beaux buts, c’est quand même la crème du foot féminin qui se joue dans nos stades tous les jours, c’est génial ! profitons en ! «
Tout au long de sa déjà riche et belle carrière, France a côtoyé de grands sportifs et couvrir de très beaux rendez-vous. J’ai voulu savoir quel est son meilleur souvenir ? » J’ai une mémoire de poisson, et ça m’énerve beaucoup. Parce que j’en ai fait des terrains, des stades, des interviews et des plateaux, mais je ne me rappelle de rien, ce sont les autres qui me rappellent des anecdotes…Je me souviens de Camille Muffat, la nageuse décédée dans l’accident d’hélicoptère, qui était venue en plateau faire une interview avec des chaussures peluches à tête de chien, je l’avais pas loupée avec ses #shoesofzeday immondes, qu’est-ce qu’on avait ri ! C’était très dur d’annoncer son décès quelques mois après cela… »
Et le souvenir qu’elle n’oubliera jamais ? « Et en souvenir plus joyeux, je ne pourrais jamais oublier le tapis rouge du ballon d’or, avec toutes les stars qui se suivent à notre micro, les Messi, Ronaldo, MBappe… chaque année, je bénis ce jour, c’est la soirée que j’attends le plus, toute la planète foot s’y rend, et on est aux premières loges en tant que diffuseur, c’est une vraie belle récompense d’avoir tous ces gens inaccessibles habituellement, qui s’arrêtent sans problème à ton micro. Et tout le monde est super bien habillé, c’est un festival de #shoesofzeday 😊 . »
Pour la prochaine édition du Ballon d’Or féminin, France m’a d’ailleurs confié qu’elle verrait » forcément une fille qui aura brillé en Coupe Du Monde, en cette année particulière. Si possible une lyonnaise qui a ENCORE gagné la LIGUE DES CHAMPIONS. Ça réduit assez la liste ? «
Moi c’est à France que j’ai envie de donner ce Ballon d’Or pour la remercier de porter hauts les couleurs des Femmes dans le journalisme sportif et le faire avec autant de talent ! Alors forcément, ça donne des idées, comme le fait d’avoir un jour sa propre émission, genre « L’Équipe de France », ça serait pas mal non ? » Évidemment. Mais j’en ai déjà eu beaucoup… Je le ai tous épuisés les jeux de mots avec mon prénom 😊 « le tour de France », « un jour en France » « face à France » . Ça fait 11 ans que je fais ce métier à l’ Équipe, donc je suis déjà passée par la case quotidienne, hebdo, matinale, midi, soir, week-end… c’est bien de changer, de voir autre chose, je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! »
Vous vous demandez peut-être si entre son métier et sa vie de famille, France a encore le temps de pratiquer un sport ? » Ça dépend des semaines, chargées ou non. Mais si je peux tester la dernière activité à la mode, je fonce ! Cela dit, je reviens souvent au yoga, boxe et crossfit… Je déteste pratiquer la même discipline, il faut que ça bouge ! J’ai fait du tennis pendant 15 ans, c’est bon j’ai donné…Sinon j’ai une petite routine en jour OFF, une fois les enfants posés à l’école, SPORT/RESTO/EXPO. La chance d’habiter Paris, on a l’embarras du choix dans ces 3 domaines… »
Si vous vous rappelez bien, France a appris son métier sur le tas. Du coup, je lui ai demandé, avec son recul et son expérience, quels conseils donnerait-elle à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le journalisme ? » Le terrain, rien de mieux pour apprendre le métier. Se tromper, recommencer, tomber, se relever, se rattraper, insister. La curiosité, rester ouvert d’esprit, accepter tous les challenges, même ceux qui sur le papier ne nous donnent pas trop envie, ce sera formateur, tu apprends toujours ! Avant à mes débuts j’avais tendance à dire non, par peur de l’échec. Aujourd’hui je dis OUI à tout, quitte à regretter ensuite 😊 «
Pour terminer, j’ai demandé à France si elle avait un message pour sa consoeur Carine Galli et sa collègue Estelle Denis ? » Carine me rend folle à connaître les stats de n’importe quel joueur de ligue 2, elle a une culture foot incroyable, et j’adore son franc parler à l’antenne, en voilà une qui ne cherche pas à séduire ! Et là je regarde Estelle en ce moment même dans son émission, car je la remplace demain dans « l’ Équipe d’Estelle » donc j’apprends de la patronne 😊 Et c’est rare de trouver une nana qui a plus d’énergie que moi, et qui rigole autant que moi à l’antenne, ça fait du bien ! «
Merci France pour cet entretien et votre disponibilité ! U rock <3
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Princess Zaza
À propos
Rêveuse, idéaliste, curieuse et gourmande de la vie en général, j’aime partir à la découverte des nouveaux lieux gourmands et évènements culturels, mais aussi à la rencontre des gens à travers de nombreuses interviews et explorer de nouveaux horizons.
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